Les problèmes dans les témoignages oculaires
Les témoignages oculaires représentent une situation propice pour les erreurs de mémoire, à cause des processus qui créent de faux souvenirs ou à la nature reconstructive de la mémoire. Ainsi, les témoignages comportent deux risques majeurs : si un témoignage est erroné, un innocent peut être accusé et condamné ; mais si on ne tient pas compte des témoignages, un coupable potentiellement dangereux peut rester en liberté. Les applications des recherches psychologiques pour cette problématique visent à améliorer le recueil de témoignages notamment par la prise en compte de mécanismes tels que l'attention, la familiarité ou les problèmes liés à la suggestion.
problématique l'attention familiarité formulationLes erreurs dans les témoignages oculaires
Aux USA, les témoignages oculaires constituent une méthode qui est souvent considérée infaillible et qui sert de base pour la condamnation de nombreuses personnes suspectées dans le cadre d'une affaire policière.
Toutefois, en 2012, l'utilisation de preuves ADN a disculpé 341 personnes aux États-Unis qui avaient été condamnées à tort pour des crimes et qui ont purgé en moyenne 13 ans de prison. Parmi ces condamnations, 75% impliquaient des témoignages oculaires (Quinlivan et al., 2010).
Le cas de Ronald Cotton, est particulièrement révélateur. Il a été accusé d'avoir violé Jennifer Thompson en 1984, sur la base du témoignage de la victime, convaincue qu'il était l'homme qui l'avait agressée. Même après que Cotton ait été disculpé par ADN, Thompson se «souvenait» de Cotton comme étant son agresseur. Cotton a été libéré après avoir purgé 10 ans de prison (Wells & Quinlivan, 2009).
Bon nombre de ces erreurs judiciaires et d'autres, dont certaines ne seront sans aucun doute jamais découvertes, reposent sur l'hypothèse, faite par des jurés et des juges, que les gens voient et rapportent les choses avec exactitude. En fait, comme illustré ci-contre, il a été montré que le coupable désigné pour une agression est parfois hasardeux. Étonnement, il existe une différence de le nombre de designation d'un faux coupables, suivant si les témoins ont vu un film (avant l'événement) qui impliquait un homme ressemblant à l'agresseur ou une femme (Ross et al., 1994).
L'attention
De simples circonstances au cours d'un événement peuvent conditionner la mémorisation qu'il en sera fait.
Par exemple, il peut exister des erreurs dues à la présence d'objets précis dans la scène. En effet, il a été montré que certains éléments spécifiques attirent l'attention et la maintiennent, occultant ainsi certaines autres caractéristiques de la scène pourtant importantes.
De cette manière, l'attention est orientée et une moins bonne mémorisation est faite de détails du criminel et de la victime (moins de détails retenus) par un témoin oculaire (Loftus et al., 1987).
La familiarité
Un spectateur (témoin) ou une personne familière présente lors d'un événement peuvent être identifiés comme criminels à cause de sa familiarité.
Il a été montré qu'une femme attaquée dans sa maison peut confondre avec le criminel, l'homme qu'elle a vu durant l'activité précédant l'agression.
La familiarité est un phénomène qui peut porter à confusion dans nos souvenirs, et particulièrement concernant l'origine même d'un souvenir.
La formulation dans les témoignages
Certaines erreurs dans les témoignages oculaires peuvent trouver leur source dans la suggestion, mécanisme déjà bien connu à l'origine de faux souvenirs. Aussi, la manière de formuler les questions peut être déterminante dans le cas de recueil de témoignages. En effet dans un cas où la police recherche une voiture, la question au témoin oculaire doit utiliser un terme général et ne pas préciser exactement la catégorie ciblée, comme illustré ci-contre.
Un autre exemple, avec la question suivante:
"Lequel de ces hommes a commis le crime?"
Le problème est qu'il est suggéré que le criminel est bien présent. Cela augmente la probabilité que le témoin se base sur des indices de familiarité ou des heuristiques générales ("il a l'air d'un criminel") et désigne un suspect même si le coupable n'est pas présenté (Loftus & Palmer, 1974).