Dans son discours d'ouverture, François de Neufchâteau évoque, à propos des objectifs de l'exposition, le fait que: "Tous les citoyens vont s'instruire et jouir à la fois, en venant contempler ici l'exposition annuelle des fruits de l'industrie française." Il ajoute qu'il faut établir entre les différents participants "une émulation bienfaisante, c'est pour remplir l'un de ces devoirs les plus sacrés, pour apprendre à tous les citoyens que la prospérité nationale est inséparable de celle des arts et des manufactures."
On le voit, si l'un des buts essentiels de cette exposition est de favoriser et de promouvoir l'industrie française, la préocupation d'apprendre quelque chose aux citoyens est bien réelle. En effet, dès ses débuts, la Révolution fait preuve d'une très forte volonté pédagogique. Il faut dissiper l'ignorance, car seule la tyrannie repose sur elle alors que la liberté est solidaire du génie des lettres et des arts, tels sont, parmi d'autres, les crédos révolutionnaires. Le gouvernement se doit donc d'éclairer et d'instruire la nation. Or justement, on trouve parmi les grands moyens d'éducation publique les fêtes civiques et les rassemblements patriotiques; ce n'est donc pas par hasard si l'exposition des produits de l'industrie coïncide avec l'anniversaire de la fondation de la République.
Les théoriciens révolutionnaires sont très inspirés par les Lumières et donc par l'idée d'une société pédagogique qui exercerait ses fonctions éducatives à travers toutes ses institutions. Par exemple pour Condorcet, dans son Rapport et projet de décret sur l'organisation générale de l'instruction publique (1792), les finalités de l'instruction sont d'offrir à chaque individu la facilité de développer ses facultés naturelles, de pourvoir à ses besoins ,d'exercer ses droits et de perfectionner son industrie, c'est-à-dire son métier; mais n'est-ce pas aussi l'un des buts de François de Neufchâteau lorsqu'il déclare dans son discours d'inauguration: " Les savants, les hommes de lettres viendront étudier eux-mêmes les progrès de nos arts; ils auront enfin une base pour asseoir la technologie ou la théorie instructive des arts et métiers."