Techniques

L'impressionnisme est à la fois une manière de voir et une technique. Les impressionnistes s'efforcent de traduire sur leurs toiles l'effet produit par les choses sur le sens de la vue. Autrement dit, le peintre s'attache exclusivement à ce qu'il voit , en faisant abstraction de ce qu'il sait . Et comme la vision des choses est en grande partie déterminée par la lumière et ses variations, c'est elle qui devient le " personnage principal du tableau ", pour parler comme Manet.

Dès lors, il n'est pas surprenant que le paysage prenne le pas sur tous les autres genres picturaux. Les impressionnistes vont travailler sur le motif, en plein air, et sont attirés par les aspects les plus éphémères et les plus fugaces de la natures : l'eau et ses reflets, le soleil et ses vibrations, la neige et ses jeux irisés ... À cette nouvelle manière de voir le monde correspond une nouvelle manière de le peindre. Le dessin aux contours nets précisant la forme et suggérant les volumes est abandonné. La perspective ne repose plus sur des règles géométriques, mais elle est réalisée par la subtile graduation des teintes et des tons. En outre, les impressionnistes fuient le clair-obscur et les forts contrastes d'ombres et de lumières. Ils recherchent les nuances et leurs ombres sont toujours colorées de reflets. Enfin, ils emploient le plus souvent les couleurs selon la technique dite du mélange optique : deux couleurs pures sont juxtaposées sur la toile, et non plus mélangées sur la palette ; il incombe ensuite à l'oeil du spectateur de recomposer la couleur voulue par le peintre. Ainsi, un orangé sera obtenu par petites touches juxtaposées de jaune et de rouge.

Cet usage des couleurs reprend en partie, comme nous l’avons vu, les découvertes faites par Chevreul quelques décennies plus tôt, mais les impressionnistes les utilisent de manière assez empirique et se refusent à toute systématisation théorique rigide : la spontanéité est l'une des qualités premières de leur art. Quant à la touche impressionniste, elle est toujours apparente et se caractérise par une série de petites virgules, de sorte que les objets ne sont reconnaissables que si le spectateur se place à une certaine distance du tableau, ce que le public de l'époque n'était pas habitué à faire.