Chapter 2. Les peintres impressionnistes

Table of Contents

Les Maîtres
Manet
Monet
Cezanne
Pissaro
Sisley
Van Gogh
Renoir
Degas
Bazille
Seurat
Les femmes aussi..
Morizot
Cassatt
Gonzales

Les Maîtres

Manet

Après plusieurs années d'apprentissage dans l'atelier de Thomas Couture, Manet parfait sa formation par l'étude des maîtres de la Renaissance italienne, des peintres hollandais du XVIIe siècle au Louvre, puis au cours de nombreux voyages en Europe. L'artiste présente ses premières oeuvres au Salon, dont Le Buveur d'absinthe qui est refusé en 1869. A partir de cette date, Manet se heurte à l'incompréhension du public et de la critique.

Le scandale le plus célèbre est celui du Déjeuner sur l'herbe exposé au Salon des Refusés de 1863. L'artiste s'inspire de sujets classiques mais sa nouvelle technique choque. Il est le premier peintre à refuser les demi-teintes préférant une palette aux tons simplifiés. Afin d'éviter cette sanction continuelle du jury, il organise plusieurs expositions personnelles à la galerie Martinet. A cette époque, il peint ses premiers tableaux de fleurs notamment une série de pivoines. Il exécutera toute sa vie des natures mortes.

Après le second scandale dû à l'Olympia en 1865, Manet se rend en Espagne, voyage au cours duquel il admire Goya et Velasquez. Cette inspiration se révèle dans Le Fifre qui est refusé l'année suivante et dans Le Balcon qui est accepté au Salon de 1869. Pour la jeune génération, cet artiste très discuté incarne le porte-parole idéal pour un mouvement artistique révolutionnaire. Peintres et écrivains se réunissent autour de lui au café Guerbois.

Défendu par Zola, Manet est aussi selon Baudelaire la parfaite expression de la "modernité". Malgré cette position prééminente, Manet persiste à exposer régulièrement aux Salons officiels et ne participe à aucune manifestation impressionniste. Après la guerre de 1870, il retrouve Monet à Argenteuil qui l'incite à peindre en plein air et à éclaircir sa palette mais Manet est plus attiré par les scènes de la vie contemporaine. Au cours de ces dernières années, il s'attache à peindre essentiellement les cafés et les brasseries parisiennes. Atteint d'ataxie, il meurt le 30 avril 1883.

Table 2.1. Manet
Le buveur d'absinthe Le dejeuner sur l'herbe
1874 1860

Monet

Bien que né à Paris, Monet passe son enfance et sa jeunesse au Havre. Vers 1858, il rencontre Boudin, qui lui apprend à peindre en plein air. L'année suivante, il part pour Paris, mais n'entre pas à l'École des Beaux-Arts, comme le voulait son père, qui lui coupe alors les vivres. Il fréquente l'atelier Suisse, où il fait la connaissance de Pissarro.

Entre 1861 et 1862, il effectue son service militaire en Algérie. À son retour, après un court séjour au Havre, où il travaille avec Boudin et Jongkind, il entre dans l'atelier de Gleyre à Paris. Il y rencontre Bazille, Renoir et Sisley, avec qui il élabore les principes de l'impressionnisme. Il voyage beaucoup à travers la France et peint surtout des paysages et des scènes d'extérieur, travaillant en compagnie de Renoir dans la forêt de Fontainebleau.

Lorsque la guerre de 1870 éclate, il se réfugie à Londres, où il fait la connaissance de Durand-Ruel. Revenu en France après un court séjour en Hollande, il s'établit à Argenteuil et installe son atelier dans une barque, pour sillonner la Seine jusqu'à Rouen et capter les fluctuations de la lumière sur l'eau. Cette période d'Argenteuil correspond au moment culminant de l'impressionnisme ; Monet est sans conteste la figure dominante du groupe. Il poursuit ses recherches en peignant de très nombreuses vues de Paris, où son style parvient à maturité, mais ses toiles se vendent encore à des prix dérisoires et il connaît des difficultés matérielles considérables.

En 1878, il s'installe à Vétheuil, sur les bords de la Seine, et multiplie les paysages consacrés à ce petit village et à ses environs. Il se détache peu à peu du groupe impressionniste et organise en 1880 une exposition particulière à la Vie Moderne. Les critiques commencent à lui devenir favorables. À partir de 1883, il réside à Giverny. Ses oeuvres sont montrées dans plusieurs expositions en Europe et aux États-Unis. Il voyage beaucoup sur la Côte d'Azur, d'où il rapporte des toiles d'une grande intensité de couleur, et effectue quelques brefs séjours en Normandie et en Bretagne.

En 1889, il organise chez Georges Petit, en compagnie de Rodin, une grande rétrospective qui remporte un vif succès. Après 1890, Monet remplit son jardin des plantes et des fleurs les plus rares et fait construire un pont japonais au-dessus d'un étang où s'étalent des nymphéas. C'est là qu'il conduit ses recherches sur l'instantanéité. Vers cette période, il entreprend plusieurs grandes" séries ", consacrant d'innombrables tableaux à un même motif : meules, peupliers, cathédrale de Rouen… Il voyage aussi à travers toute l'Europe (Norvège, Londres, Venise…), dont il rapporte une production considérable, renouvelant constamment ses sources d'inspiration mais ayant toujours pour première préoccupation de fixer l'insaisissable. Il parachève son oeuvre dans le sens du raffinement le plus rare en s'inspirant des nymphéas de son étang. Retardé dans l'achèvement de cette oeuvre colossale par une opération de la cataracte, Monet termine malgré tout cet immense travail avant de mourir, en 1926.

Table 2.2. Monet
Argenteuil Nympheas
1875 1915

Cezanne

Après avoir reçu une solide formation humaniste au collège Bourbon d'Aix-en-Provence, où il fait la connaissance d'Émile Zola, Cézanne entreprend des études de droit, vite abandonnées au profit de la peinture. À Paris, en 1861, il fréquente l'Académie Suisse, mais son inexpérience le décourage. Perméable à des influences variées, il participe aux discussions du café Guerbois et se cherche encore un style personnel.

Dans les oeuvres des années 1860, que lui-même appelait sa période " couillarde ", il traduit avec violence et agressivité ses angoisses et ses passions. Elles se caractérisent par une pâte épaisse, une facture vigoureuse aux ombres contrastées et un coloris sombre. Les sujets sont souvent des scènes de genre érotiques ou macabres, inspirées par les peintres baroques italiens et espagnols. Se trouvant à l'Estaque au moment où la guerre éclate entre la France et l'Allemagne, il se tient à l'écart du conflit et se consacre surtout au paysage.

En 1872, il s'installe chez Pissarro, dont il subit fortement l'influence. Il abandonne alors sa manière sombre au profit des couleurs claires chères aux impressionnistes et adopte une touche plus morcelée. Il expose avec eux à plusieurs reprises, mais, blessé par les ricanements de la presse et du public, il se retire à partir de 1878. Très vite, la formule impressionniste lui semble dépassée : sa réforme par les principes fondamentaux de l'intelligence corrigés par la vision pure s’impose alors. Au cours de cette période de maturité (1882-1896), il a pour principale préoccupation de " faire du Poussin sur nature " et de traiter la peinture " par le cylindre et par la sphère ".

Retiré en Provence, il multiplie alors les vues de la montagne Sainte-Victoire et de la campagne aixoise, les natures mortes et les scènes de genre, où les mêmes thèmes sont prétextes à d'infinies variations, tels ceux des baigneurs ou des joueurs de cartes. C'est aussi vers cette période qu'il exécute de remarquables aquarelles, connues seulement par un nombre restreint d'amateurs. Solitaire et secret, Cézanne connaît pourtant un début de notoriété et plusieurs de ses toiles sont montrées dans des expositions internationales prestigieuses.

Les oeuvres de ses dix dernières années (1896-1906), qu'on appelle " période lyrique ", recherchent, face au brillant éphémère des impressionnistes, " quelque chose de solide comme l'art des musées ". Elles opèrent la synthèse entre la rigueur de la composition et de la structure formelle et le lyrisme de la conception. Cézanne revient sur tous ses thèmes de prédilection et les conduit à leur aboutissement. Annexée et transformée par les cubistes, adoptée par les fauves, répandue un peu partout à l'étranger, la vision cézannienne s'affirme, dès après sa mort en 1906, et pour longtemps encore, comme l'une des sources fondamentales de tout l'art contemporain.

Table 2.3. Cezanne
La montagne Sainte Victoire Les grandes baigneuses
1885 1905

Pissaro

Après avoir vécu son enfance aux Antilles dans l’île danoise de Saint-Thomas, Pissarro est envoyé en France pour faire ses études à la pension Savary où il exécute ses premiers dessins. De retour aux Antilles, il renonce à poursuivre l’activité commerciale de son père et se consacre à la peinture. En 1855, installé définitivement en France, il fréquente l’Académie Suisse où il rencontre Monet, Cézanne et Guillaumin. Puis, il participe au Salon des Refusés en 1863. Les premiers paysages peints à Pontoise sont alors influencés par Corot et Daubigny.

Pendant la guerre de 1870, Pissarro séjourne à Londres. En compagnie de Monet, il étudie les paysagistes anglais en particulier Turner et Constable. A son retour en France, il s’installe à Pontoise. Cette période correspond à un tournant dans la carrière de l’artiste et à une étape capitale dans l’histoire du mouvement impressionniste. Rejoint par Guillaumin, Cézanne, Gauguin et Vignon, il travaille en plein air et crée l’école de Pontoise.

A partir de 1874, il s’engage pleinement dans le mouvement impressionniste et présente des oeuvres à chacune des manifestations. En 1884, ayant épuisé tous les motifs de la région de Pontoise, il choisit de s’établir à Eragny, près de Gisors. Il rencontre à cette époque, Signac qui l’initie à la nouvelle théorie divisionniste de Seurat dont il venait d’admirer la Baignade à Asnières au Salon des Indépendants.

Après quelques années, Pissarro est lassé par cette esthétique scientifique trop fastidieuse. Il préfère la manière impressionniste privilégiant la sensation qui selon lui est « la seule chose qui compte ». En 1892, Durand-Ruel lui consacre une grande rétrospective qui remporte un franc succès. A la fin de sa vie, Pissarro exécute une série de vues de villes en particulier Paris et ses boulevards, Rouen, Dieppe et Le Havre.

Table 2.4. Pissaro
Entrée de village Voisin Montmartre
1870 1897

Sisley

Sisley naît à Paris de parents anglais. En 1857, son père l'envoie effectuer son apprentissage commercial à Londres. Il y restera jusqu'en 1861, fréquentant surtout les musées. De retour à Paris en 1862, il ne manifeste aucune disposition particulière pour les affaires et montre au contraire un goût certain pour la peinture et le dessin. Son père le place alors dans l'atelier de Gleyre, où il fait la connaissance de Bazille, Monet et Renoir.

À la fermeture de l'atelier de Gleyre en 1864, il prend l'habitude de passer l'hiver à Paris, où il accorde l'hospitalité à ses amis moins fortunés, et l'été à la campagne, où il exécute des paysages fortement influencés par Corot et Boudin. Il rejoint Monet à Chailly, et peint les bords de Seine ou les environs de Marlotte, près de Fontainebleau, en compagnie de Renoir. Ses premiers paysages restent assez sombres, mais on y remarque déjà un souci de la construction et un goût pour les ciels immenses et les espaces profonds qui ne feront que s'accentuer par la suite. Quant à ses natures mortes, elles recherchent avant tout de subtiles harmonies de tons.

Vers 1870, sa palette devient plus claire et sa touche plus rapide. La guerre franco-prussienne ruine la famille de Sisley, qui connaît dès lors une existence précaire. Il se retire à Louveciennes, et y peint de nombreux paysages : souvent creusés par la perspective d'une route centrale, ils s'attachent aussi à décrire un même site en différentes saisons. Présent à la première Exposition impressionniste, en 1874, il y attire l'attention du marchand Durand-Ruel, de Duret et du chanteur Faure. L'été de cette même année, il voyage en Angleterre , où il peint des régates, ainsi que de nombreuses vues de la campagne anglaise. À son retour en France, il s'installe à Marly-le-Roi, et devient le peintre-chroniqueur du village.

Établi à Sèvres en 1877, puis de nouveau à Louveciennes, il réalise de multiples paysages aux grands ciels, à la composition équilibrée et à la facture légère et aérée. Il participe à la deuxième et à la troisième Exposition impressionniste, mais il n'y obtient que peu de succès. Après 1880, il va vivre à Moret-sur-Loing. Fortement influencé par Monet, il élargit sa touche et épaissit ses empâtements , notamment dans ses nombreuses séries des paysages environnants.

Malgré une exposition particulière chez Durand-Ruel en 1883 et une autre chez Georges Petit en 1897, Sisley n'éveille que peu d'écho auprès des amateurs et continue à vivre dans des conditions matérielles très précaires. Atteint d'un cancer, il cesse de peindre à partir de 1897. Ce n'est qu'après sa mort, en 1899, que sa renommée commence à grandir.

Table 2.5. Sisley
Pont de Villeneuve La Garenne La meule
1872 1895

Van Gogh

Fils de pasteur, Van Gogh manifeste dès l'âge de neuf ans d'excellentes dispositions pour le dessin, mais sa vocation artistique ne s'affirme que très tard, vers 1880. Après des débuts comme employé dans la galerie d'art Goupil, où son frère Théo entre à son tour, quelques mois d'apprentissage chez un libraire et son échec comme prédicateur auprès des mineurs du Borinage, il décide de se consacrer exclusivement à la peinture et au dessin.

Lors de sa période hollandaise (1880-1886), il s'astreint à discipliner sa technique graphique, en même temps qu'il travaille l'aquarelle. À Nuenen, son dessin acquiert une parfaite maîtrise technique ; ses sujets, des hommes et des femmes du peuple le plus souvent au travail, sont représentés avec une sympathie instinctive et ne sont jamais prétextes à des descriptions indifférentes. Son oeuvre peinte est encore sous le signe du clair-obscur, des empâtements et des abréviations expressives, dans la lignée de Franz Hals et Rembrandt. Un court séjour à Anvers (fin 1885 - début 1886) lui fait découvrir la couleur, par l’intermédiaire des oeuvres de Rubens ; il inaugure aussi une longue série d'autoportraits, qu'il poursuivra jusqu'aux dernières années.

Mais c'est à Paris (1886-1888) que la transformation la plus décisive de son art s'opère. Il y fait la connaissance de Lautrec, Pissarro, Gauguin, Bernard, Signac , et fréquente la boutique du père Tanguy. Sa palette s'éclaircit et son inspiration se diversifie, sous la double influence de l'art japonais et du pointillisme. C'est à partir de ces deux techniques opposées que naît sa manière si personnelle. L'intensité expressive laisse pour quelque temps la place à la vivacité d'exécution et à la fraîcheur du coloris.

Cependant, en 1888, convaincu que l'impressionnisme comme le néo-impressionnisme doivent être dépassés, Van Gogh part pour Arles, à la recherche d'une lumière et d'une couleur plus intenses, ainsi que d'une plus forte concentration des moyens d'expression. Gauguin le rejoint en octobre ; cette expérience de vie artistique communautaire aboutit à la crise du 23 décembre, où Van Gogh tente de blesser son ami, puis se mutile l'oreille gauche. Pendant les dix-huit mois qui lui restent à vivre, il va s'efforcer de résister par un travail acharné à la perte intermittente de sa lucidité.

En mai 1889, il se rend de son plein gré à l'asile de Saint-Rémy de Provence, où il reste jusqu'en mai 1890. Il y est victime de trois terribles crises, dont il sort dans un état de prostration totale. C'est pourtant au cours de cet internement qu'il produit la plupart de ses plus beaux chefs-d'oeuvre. Au printemps de 1890, il s'établit à Auvers-sur-Oise, où le docteur Gachet l'accueille et le soigne. Quelques oeuvres peintes à ce moment témoignent d'une sérénité reconquise avec peine, mais d'autres trahissent une angoisse croissante face à la menace de nouvelles crises, dont il se libère en se suicidant d'une balle de revolver le 27 juillet.

Table 2.6. Van Gogh
Nuit étoilée sur le Rhône Oliviers avec ciel jaune et soleil
1888 1889

Renoir

Né à Limoges, Renoir vient tout jeune à Paris en compagnie de sa famille. Ses parents, ayant remarqué son goût pour le dessin, le font entrer en 1854 dans un atelier de porcelaines. Il y demeurera quatre ans, tout en suivant les cours de l'École de dessin et d'arts décoratifs de la rue des Petits-Carreaux. À la fermeture de l'atelier, il exerce plusieurs petits métiers, et gagne ainsi assez d'argent pour pouvoir se consacrer, à partir de 1862, exclusivement à la peinture. Il fréquente simultanément l'École des Beaux-Arts et l'atelier de Gleyre, où il se lie d'amitié avec Bazille, Monet et Sisley. Ensemble, ils travaillent la peinture de plein air dans les environs de Paris.

Vers la fin des années 1860, commence la période impressionniste de Renoir. Dès 1869, il peint la Grenouillère en compagnie de Monet, et les deux hommes continuent, après 1870, à représenter les mêmes sites, dans la région d'Argenteuil, prenant pour thème les régates et les paysages. Mais Renoir privilégie la figure humaine, et applique au portrait les principes impressionnistes. Il participe aux trois premières Expositions du groupe. L'année 1876 est pour lui particulièrement faste. Il loue un atelier à Montmartre et y peint quelques-unes de ses toiles les plus célèbres, comme le Moulin de la Galette, la Balançoire, le Torse de femme au soleil . Il fait la connaissance de l'éditeur Georges Charpentier et commence à fréquenter son brillant salon, où il rencontre les plus grandes personnalités politiques, littéraires et artistiques de l'époque. Il obtient alors de nombreuses commandes et réalise surtout des portraits, exposant au Salon et boudant les Expositions impressionnistes.

Au début des années 1880, il traverse une grave crise morale et esthétique. Il part pour l'Italie à la fin de l’année 1881 : la découverte de Raphaël va profondément influencer ce que lui-même a appelé sa " période aigre " (1883-1888) et que les historiens de l'art dénomment aussi " période ingresque ", où le dessin prend le pas sur la couleur. À l'automne 1888, il affronte une nouvelle période de découragement. Il détruit plusieurs tableaux et adopte une manière dite " nacrée " : le style linéaire est laissé de côté au profit d'une facture plus souple et d'une palette à base de blancs et de roses en demi-teintes ; il portraiture les enfants, surtout ses propres fils, le plus souvent dans des attitudes empruntées à l'intimité de la vie quotidienne.

En 1903, il se retire à Cagnes-sur-Mer. Ses figures prennent alors une allure plus sculpturale et le rouge devient la couleur dominante de sa palette. Ses doigts recroquevillés par la paralysie lui rendent la peinture de plus en plus difficile, mais son génie créateur est toujours aussi productif. Il privilégie les petits tableaux, mais peu de temps avant sa mort, il peint ses dernières Baigneuses , qui frappent par leur monumentalité.

Table 2.7. Renoir
Le bal du Moulin de la Galette Le dejeuner des canotiers
1876 1881

Degas

Issu d'une riche famille de banquiers amateurs d'art, Edgar Degas entre en 1854 dans l'atelier de Lamothe, élève d'Ingres et de Flandrin, il suit en 1855 des cours à l'École des Beaux-Arts. Ses premières oeuvres témoignent d'un intérêt jamais démenti pour l'art du portrait.

De 1856 à 1860, il voyage en Italie, dans sa famille à Naples, mais aussi à Rome, où il rencontre Gustave Moreau, et à Florence. Dessinateur inlassable, Degas copie les compositions des maîtres de la Renaissance et multiplie les croquis dans ses carnets. De retour à Paris, il peint plusieurs toiles historiques, telles ses Jeunes filles spartiates provoquant des garçons à la lutte. Il poursuit son oeuvre de portraitiste, où il allie un sens aigu de l'observation à une recherche d'harmonie et d'équilibre de la composition, comme en témoigne son portrait de La Famille Bellelli.

Influencé par les instantanés photographiques et les estampes japonaises, Degas recherche des effets nouveaux de mise en page et met au point dans L'Orchestre de l'Opéra, d'audacieux cadrages décentrés. Très vite, il se passionne pour des sujets inédits, s'affirmant lui-même comme "le peintre classique de la vie moderne". C'est d'abord sur les champs de course, puis dans les coulisses et Le Foyer de la danse à l'Opéra de la rue Le Peletier, qu'il s'attache au "rendu du réel".

Degas fréquente les mêmes cafés que Manet et le groupe impressionniste et, bien qu'il n'adhère pas totalement à leur esthétique, notamment par son refus du plein-air, il fait cause commune avec eux. Il présente dix toiles à la première Exposition impressionnsite chez Nadar , participant ensuite à toutes les manifestations impressionnistes hormis celle de 1882. L'univers de la danse, à la fois plein de grâce et de cruauté, demeure son sujet de prédilection. Degas pose aussi un regard sans concession sur les scènes de la vie populaire et de la modernité, parfois même dans ses aspects les plus sinistres comme dans ses monotypes sur les bordels.

S'intéressant relativement peu au paysage, refusant le travail uniquement sur le motif, Degas travaille de plus plus par séries, étudiant inlassablement les danseuses, mais aussi les blanchisseuses, les modistes et enfin les femmes à leur toilette. La faillite de sa famille en 1878, combinée à une aggravation de ses troubles occulaires, a pu contribuer à accentuer son misanthropisme. Progressivement, il se consacre de plus en plus à la sculpture, où il transpose ses sujets favoris qu'il modèle en cire ou en terre avant de les faire éditer en bronze. Les tableaux de la dernière période, en particulier ses pastels, témoignent d'un travail très moderne sur la couleur et les effets de lumière, ainsi que d'une simplification accrue de la composition.

Table 2.8. Degas
Les repasseuses Le tub
1884 1890

Bazille

La mort de Bazille au combat de Beaune-la-Rolande en 1870 présente cet artiste comme un « impressionniste de la première heure ». Son rôle dans la constitution du futur groupe est déterminant. Né à Montpellier dans une famille de la haute bourgeoisie, Bazille étudie à la faculté de médecine tout en pratiquant la peinture. A son arrivée à Paris en 1862, il fréquente l’atelier Gleyre où il se lie d’amitié avec Monet, Renoir et Sisley. C’est grâce à lui que les élèves de l’atelier Gleyre et ceux de l’Académie Suisse vont se rencontrer.

L’année suivante, le jeune peintre exécute ses premières oeuvres d’après nature, en forêt de Fontainebleau encore marquées par la manière de Rousseau et de Diaz, puis accompagne Monet en Normandie. Bazille et Monet expérimentent ensemble leurs recherches picturales, ils tentent de résoudre la difficile insertion de la figure dans un paysage. Tous deux exécutent une grande toile où ils font poser leurs amis et leur famille. A cette occasion, Bazille sert de modèle à son ami. Lui-même demande à Monet lorsqu’il est immobilisé par un accident (L’Ambulance improvisée) de poser, ainsi qu’à d’autres camarades.

En 1869, il cherche à intégrer cette fois un nu en plein air. Il expose la Scène d’été au Salon de 1870 où le tableau est accepté. Paysagiste et portraitiste, Bazille se consacre également aux natures mortes, et montre un intérêt particulier pour les bouquets de fleurs. Afin de lui rendre hommage, Edouard Manet demande que deux oeuvres de Bazille soient présentées lors de la deuxième manifestation impressionniste.

Table 2.9. Bazille
Reunion de famille L'atelier de Bazille
1867 1870

Seurat

Issu d'un milieu bourgeois, Georges Seurat s'oriente jeune vers la peinture, selon une formation artistique traditionnelle. Il s'inscrit dès 1877 à l’école des Beaux-Arts où il suit les cours d'Henri Lehmann, un disciple d'Ingres. En compagnie de son ami le peintre Aman-Jean, il copie l'antique et les maîtres classiques et dessine d'après le modèle vivant. Passionné par les traités esthétiques et scientifiques sur la peinture, il lit des textes aussi divers que ceux de Delacroix, Rood, Charles Blanc ou Chevreul.

A partir de 1881, il s'installe à Paris et travaille beaucoup, exécutant en particulier de nombreux dessins au crayon Conté. En 1883, il expose pour la première fois au Salon. Mais dès 1884, alors que sa première toile importante, Une baignade à Asnières est refusée au Salon, il compte parmi les membres fondateurs du "Groupe des Artistes Indépendants".

En 1886, il est remarqué lors de la dernière manifestation impressionniste avec Un dimanche après-midi à l'île de la Grande Jatte, où en se fondant sur le procédé du mélange optique, il pratique le Divisionnisme. Il prend alors la tête du mouvement néo-impressionniste qui réunit entre autres Paul Signac, Albert Dubois-Pillet, Henri-Edmond Cross, Camille et Lucien Pissarro, Charles Angrand et Maximilien Luce. Alors que le mouvement gagne le groupe belge des XX, en particulier Theo van Rysselberghe, Seurat poursuit ses recherches et expose successivement au Salons des Indépendants Poseuse et Parade de cirque en 1888, puis Chahut et Jeune femme se poudrant en 1890. En plus de ces grandes compositions soigneusement préparées, il retravaille aussi en atelier des paysages pris sur le motif le plus souvent sur la côte normande, comme par exemple celui de Port-en-Bessin, l'avant port (marée haute).

Il meurt subitement en 1891, terrassé à trente et un ans par la maladie, alors que son dernier tableau, Le Cirque, est exposé encore inachevé aux Indépendants. Très vite, des rétrospectives présentent son abondante production, et c'est à Seurat que Signac dédie en 1899 son ouvrage théorique De Delacroix au néo-impressionnisme.

Table 2.10. Seurat
Baignade à Asnières La Seine à la Grande Jatte
1884 1888