Chapter 1. Aux origines de l'impressionnisme

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Naissance de l'impressionnisme
Influences externes
Techniques

Naissance de l'impressionnisme

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, un groupe de jeunes artistes entreprend de peindre la réalité en dehors des règles traditionnelles de l’art officiel. Ce courant, appelé plus tard l’impressionnisme, s’attache « à rendre purement et simplement l’impression telle qu’elle a été ressentie matériellement ». L’élaboration de ce mouvement repose sur une nouvelle façon d’observer la réalité. Cette mutation apparaît révolutionnaire et soudaine. Pourtant, elle est le résultat d’une évolution lente qui conjugue plusieurs influences tant françaises qu’étrangères et qui hérite de l’expérience de grands maîtres. Le groupe se constitue en plusieurs étapes vers la fin des années 1850 et le début des années 1860. Plusieurs lieux vont permettre à ces artistes, aux conceptions et à la personnalité différentes, de se rencontrer et d’élaborer leur nouvelle manière de peindre.

Ces peintres qui s'appelleront, selon le contexte et les années, "Indépendants", Intransigeants" ou "Groupe des Batignolles", puis "Impressionistes", vont mener un combat, commencé par Manet en 1860, contre la poussière d'un art d'atelier vieilli, aux conventions trop solidement établies, pour faire admettre et reconnaître une nouvelle peinture réaliste contemporaine rejetant définitivement la recherche chère aux classiques d'un beau idéal et d'une essence éternelle des choses. Cette nouvelle peinture sera l'aboutissement d'une série de réflexions et d'intentions qui l'ont précédée, celle des peintres de l'Ecole de Barbizon, et celle des peintres pré-impressionnistes des Rencontres de Saint-Siméon à Honfleur ( Boudin, Jongkind, Dubourg... ) que le jeune Monet fréquentait. Le nouveau réalisme des impressionnistes postule d'abord la prépondérance de la vision par rapport à tout schéma conventionnel appris, et la relativité de l'oeuvre qui en résulte : relativité des conditions sous lesquelles un même motif peut être observé (lumière, ciels, couleurs...), et relativité de la vision du peintre (les peintres ont une vision différente, en avance sur celle de leurs contemporains). Manet dira d’ailleurs « Je peins ce que je vois, et non ce qu'il plaît aux autres de voir ».

Dès le Salon de 1859, la jeune génération découvre la sévérité du jury. Manet et Whistler voient leurs premiers envois refusés. Le Salon de 1863 confirme cette tendance. Plus de trois mille peintures sont rejetées sur les cinq mille présentées. Plusieurs artistes revendiquent alors le droit d’exposer les tableaux refusés par le jury qui ne répondent pas à la manière académique imposée. Devant les protestations, Napoléon III publie un décret dans le Moniteur du 24 avril 1863 annonçant pour la première fois « l’exposition des ouvrages non admis » dans une autre partie du palais de l’Industrie, non loin du Salon officiel. Ce Salon des refusés marque le début d’une critique acharnée de la presse et du public. Le Bain de Manet, connu aujourd’hui sous le titre Le Déjeuner sur l’herbe, fait scandale. Le public est indigné par le réalisme des femmes nues.

La première manifestation est organisée dans l'ancien atelier du photographe Nadar et comprend plus de 160 toiles. Parmi la trentaine de participants, il faut surtout retenir les noms de Monet, Cézanne, Degas, Pissarro, Sisley, Berthe Morisot et Renoir. Elle est accueillie par la critique avec violence et ironie, et ne trouve pas plus de succès auprès du public. La tradition veut que le mot " impressionnisme " ait été inventé à cette occasion par le journaliste Louis Leroy, avec un sens péjoratif et dédaigneux, à propos du tableau de Monet intitulé Impression, Soleil levant . En fait, il semble que le terme ait pris naissance chez les peintres eux-mêmes, lors de leurs discussions de la fin des années 1850.