TEST D'APPRENTISSAGE DE LA PENSEE ANALOGIQUE (TAPA)TEST D'APPRENTISSAGE DE LA PENSEE ANALOGIQUE (TAPA):
INFORMATISATION DU PROTOCOLE DE RECOLTE DE DONNEES.

Didier Strasser

Université de Genève
Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education

Résumé

Büchel (par ex: Schlatter, Büchel, & Thomas, 1997) et ses collaborateurs ont développé le Test d'Apprentissage de la Pensée Analogique (TAPA). La particularité de l'approche adoptée consiste à fournir des aides standardisées, spécifiques aux types de réponses données par le sujet. Elle se traduit dans la pratique par une surcharge, pour l'expérimentateur, qui est induite par le fait de devoir gérer, non seulement la passation du test en elle-même, mais aussi la feuille de notation des résultats, la feuilles des consignes et, en plus, une feuille indiquant quelle aide spécifique pour quelle réponse. Ces constatations m'ont conduit à la construction d'un protocole informatisé, un outils qui contiendrait les feuilles de notation, le manuel et les aides spécifiques.

Abstract

En 1995, Büchel (par ex: Schlatter, Büchel, & Thomas, 1997) et son équipe ont dévelopé le Test d'Apprentissage de la Pensée Analogique (TAPA). Il s'agit d'une évaluation dynamique du raisonnement analogique chez des élèves handicapés mentaux modérés. Par évaluation dynamique (Budoff & Friedman, 1964), il faut entendre une procédure qui ne cherche ni à évaluer, ni à quantifier l'état des acquis d'un élève (approche des tests statiques), mais qui vise à déterminer le potentiel d'apprentissage de celui-ci dans des conditions où il peut bénéficier d'aides et de feed-back. Le TAPA permet de distinguer les élèves mentalement handicapés modérés selon qu'ils sont capables, ou non, de profiter des aides qui leur sont données, et d'améliorer leurs performances sur des tâches analogiques. Pour ce faire, l'expérimentateur fournit à l'élève des aides hiérarchiques et standardisées, spécifiques aux réponses erronnées qui lui ont été transmises.

Lors d'une phase d'évaluation de la validité des items constituant le TAPA, il s'est avéré que la gestion de la passation en elle-même (poser et enlever des images devant l'élève) associée à la notation des résultats, à la lecture de la feuille des consignes et à celle des aides engendrait un certain stress chez les examinateurs. Cette surcharge mentale se manifeste, chez un expérimentateur qui n'est pas encore expert, principalement au détriment de la spontanéité avec laquelle sont données les aides spécifiques. De plus, elle est un risque d'erreur dans la notation des perfomances de l'élève.

La présente implémentation devrait diminuer la charge attentionnelle de l'examinateur en créant un support unique et informatisé, regroupant les différentes feuilles de notation, consignes et aides. Toutefois, il fallait garder à l'esprit certaines contraintes imposées par l'utilisation particulière de ce support. Premièrement, le déroulement du test ayant lieu dans des institutions, il fallait envisager son utilisation sur un ordinateur portable. Cette première contrainte limite la dimension de la fenêtre affichée sur l'écran. Deuxièmement, l'expérimentateur n'est pas nécessairement un utilisateur expert de l'ordinateur. Cette seconde exigence impose que la gestion des fichiers informatiques utilisés (dénommitation, enregistrements, etc.) soit transparente pour l'utilisateur et automatisée. Finalement, le rôle du protocole informatisé étant de décharger l'expérimentateur de surcharges extérieures, il est donc primordial de veiller à ce que le nouveau support n'engendre pas, lui aussi, de effets non souhaités. Le fait de rassembler sur un unique écran le contenu de trois pages (feuille de notation, feuille de consignes et feuille d'aides) pourrait paraître contraire au bénéfice escompté. En effet, des recherches sur les influences du "design" des écrans informatiques sur les perfomances de l'utilisateur ont montré que la quantité des informations disposées sur un écran a une incidence sur le temps de recherche d'une information et sur le taux d'erreurs (Schneiderman, 1992; NASA, 1980). De plus, Tullis (1988, p. 387) recommande que "the designer should ensure that each screen contains only the information that is actually needed by the users to perform the expected task." Il justifie cette recommandation par le fait que "the temptation to put additional data on the screen just because it is available should be avoided, since extra clutter clearly degrades the users' ability to extract the relevant information" (ibidem). Aussi, dans le cas du protocole informatisé du TAPA, il est apparu essentiel que l'information dispensée ne soit pas constante à l'écran et que les consignes, les illustrations et les aides soient masquées jusqu'à leur utilisation qui peut être intentionnelle (appelée par l'utilisateur) ou provoquée par l'application.

Le Protocole Informatisé (Strasser, 1996a; 1996b; 1996c) que je me propose de présenter par un poster, est une application qui tourne sur la base du programme Excel de Microsoft, version Macintosh. Toutefois, il n'est pas nécessaire de connaître les fonctionnalités et les particularités de ce programme pour pouvoir utiliser correctement le protocole. En effet, ce dernier exploite les possibilités offertes par Excel de manière transparente pour l'utilisateur, notamment grâce à des barres de menus réduites, et par une automatisation des routines les plus élémentaires, telles que l'enregistrement des fichiers sous un nouveau nom, l'enregistrement en cours de travail, etc.

Pour ce faire, le protocole a été configuré en trois niveaux d'utilisation distincts, dont le premier, le niveau "expérimentation", propose un environnement directif et restreint. Ainsi, à ce niveau, l'utilisateur n'a pas accès aux feuilles de synthèse des résultats, afin qu'il ne puisse pas les modifier accidentellement, une telle rigueur permettant de garantir l'objectivité nécessaire à une démarche scientifique. De plus, les barres de déplacement verticales et horizontales, les onglets et les barres d'outils sont masqués, de telle manière que l'utilisateur ne puisse pas naviguer de manière libre à travers les différents écrans et que son "itinéraire" soit déterminé par les résultats obtenus par l'élève.

Le second niveau est le niveau "résultats". Il permet l'accès, restreint par un mot de passe, aux différentes feuilles de notation et aux résultats, ainsi que leur impression. Comme la configuration est la même que le niveau "expérimentation", la navigation au travers des différentes feuilles se fait par le biais de la barre de menus, qui lui est propre.

Le dernier niveau est celui de la "conception" qui permet l'accès à l'environnement standard de Microsoft Excel, aux modules de programmation Visual Basic et aux boîtes de dialogues.

Bien que le protocole informatisé n'aie pas encore été soumis à une évaluation empirique, quelques tests informels ont permis de mettre à jours certaines limites qui proviennent d'une lenteur de fonctionnement sur des machines possédant un processeur inférieur à 75 Mhz (Strasser, 1996a). Les raisons de ce problème ont pu être établies et il est certain que l'utilisation du programme Excel comme outil de programmation n'a pas été judicieuse. Afin de permettre l'emploi du protocole informatisé sur des machines à processeur plus modeste, il conviendrait de le reconstruire à l'aide d'un programme dédié à la création d'applications tel qu'Authorware de Macromedia.

Cependant, outre ces considérations techniques, le protocole informatisé semble remplir le rôle qui lui a été assigné, même si une évaluation empirique reste nécessaire avant une distribution. En effet, il est important de préciser si son emploi ne provoque pas chez un utilisateur lambda une surcharge mentale qui serait due à l'utilisation même d'un ordinateur dans une situation de test.

Références

Budoff, M., & Friedman, M. (1964). "Learning potential" as an assessment approach to the adolescent mentally retarded. Journal of Consulting Psychology, 28 (5), 434-439.

NASA, (1980). Spacelab display design and command usage guidelines (Reports MSFC-PROC-711A). Huntsville, AL: George C. Marshall Space Flight Center.

Schlatter, C., Büchel, F. P., & Thomas, L. (1997). Test d'apprentissage de la pensée analogique pour adolescents handicapés mentaux modérés. Revue francophone de la déficience mentale, 8 (1), 37-54.

Schneiderman, B. (1992). Designing the user interface: Strategies for effective human-computer interaction (2nd ed.). Reading, MA: Addison-Wesley.

Strasser, D. (1996a). Test d'Apprentissage de la Pensée Analogique, Protocole Informatisé: Documentation système. Travail de diplôme de Manager en Micro-informatique des Cours Industriels de Genève, direction P. Antoni. Manuscrit non publié.

Strasser, D. (1996b). Test d'Apprentissage de la Pensée Analogique, Protocole Informatisé: Guide de l'utilisateur. Travail de diplôme de Manager en Micro-informatique des Cours Industriels de Genève, direction P. Antoni. Manuscrit non publié.

Strasser, D. (1996c). Test d'Apprentissage de la Pensée Analogique, Protocole Informatisé: Version Macintosh, v. 1.0.0. Travail de diplôme de Manager en Micro-informatique des Cours Industriels de Genève, direction P. Antoni. Logiciel non distribué, mais disponible auprès de l'auteur.

Tullis, S. T. (1988). Screen design. In M. Helander (Ed.), Handbook of Human-Computer Interaction (pp. 377-411). Amsterdam: Elsevier Science Publishers.

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