anne Midenet staf 13

Etude comparée de deux exercices de visualisation mixte et sérielle (cours météo)

Nous comparons les travaux de Bernard et Gael


Perception globale du cours: l'organisation des relations entre le texte et l'image.


Chez Bernard, nous avons affaire à une organisation que l'on peut qualifier de classique, qui parait familière a 
celui ou celle qui fréquente les ouvrages pédagogiques traditionnels.
L'ensemble est structuré en une séquence dans laquelle chaque unité comporte une partie du texte et un ou plusieurs schémas. Tout au long du cours, c'est le texte qui domine, c'est lui qui produit et qui conduit le flux de la lecture; en effet, il occupe toute la largeur de l'écran -le schéma, lui, est centré, comme emboité- et il précède le schéma qui se réfère à lui.
En outre, on trouve dans ce travail une progression pédagogique classique qui fait succéder aux représentations statiques et sobres de la première partie des schémas animés qui contiennent davantage d'informations.
En somme, si ce n'était la présence d'animations, la ressemblance serait grande avec le cadre familier d'un matériel didactique sur papier et on peut retrouver des automatismes bien économiques dans la gestion de l'organisation spatiale de ce type de document.

Chez Gael en revanche, le parti-pris est très différent. Il rompt avec la présentation traditionnelle d'un contenu pédagogique par la structure de son document et par l'utilisation des possibilités graphiques de l'informatique.
On constate que l'ensemble du contenu, le texte comme les plages visuelles, est compartimenté, inséré à l'intérieur de cadres qui se détachent du fond de l'écran; cet effet est renforcé par le choix de couleurs pour le fond de ces cadres: marron pour les textes, noir pour les plages visuelles. Plusieurs effets en découlent: le cadre renforce le lien visuel entre le texte et l'image; paradoxalement, il met le texte et l'image sur un plan d'égalité en même temps qu'il met le texte en valeur car celui-ci n'est plus dilué dans le fond de l'écran. En somme, le texte et la plage visuelle qui s'y réfère sont mis en évidence en tant qu'unité structurelle significative. La disposition de plusieurs cadres dans l'écran constitue donc une manière efficace de visualiser la métastructure. On note à ce propos l'interêt de présenter la comparaison des définitions des masses d'air chaud et froid et la comparaison de leur comportement dans des cadres alignés horizontalement.
En outre, Gael a réalisé un équilibre visuel entre la taille des plages textuelles et la taille des images; celles-ci ont des dimensions assez réduites pour ne pas étouffer le texte et laisser visible la structure de l'ensemble du cours sur un écran.


Les relations de contenu entre le texte et les plages visuelles


Chez Bernard, l'impression de déroulement linéaire est contredite dans les choix de schématisation:
La première étape de l'explication, c'est à dire la définition des masses d'air chaud et froid, n'a été retenue ni sous forme de texte ni sous forme de schéma; cela comporte le risque de laisser inexpliqués certains éléments de ses deux derniers schémas, l'association d'un sol et d'une masse d'air de températures différentes. Bernard a également choisi de ne pas retenir du texte la phrases concernant les mouvements ascendants ou descendant des masses d'air, considérant probablement que la notion de leur poids relatif pouvaient suffire à l'explication des phénomènes décrits plus loin. Gael, lui, a choisi de représenter de manière simplifiée les mouvements des masses d'air de températures différentes avant les notions plus complexes de stabilité ou d'instabilité de ces mêmes masses, sans doute dans le but d'en faciliter la compréhension.
Une autre modification du contenu chez Bernard consiste, sous la forme du premier schéma, en une information qui ne se trouve pas dans le texte; cette représentation, qui s'intercale entre une partie du texte et sa schématisation, est atypique dans le travail de Bernard, dans la mesure où elle est la seule qui n'ait pas de référent textuel.
On constate également une redondance d'information a l'intérieur des deux premiers schémas et entre ceux-ci et le texte. Bernard a schématisé la notion de poids et a intégré aux schémas la notion induite de densité mais sous une forme en fait textuelle (seule la flèche est un signe non verbal mais ne constitue pas en elle-même une schématisation de la notion de densité); il s'agit donc, en ce qui concerne le deuxième schéma, d'une répétition de l'information contenue dans le texte sous une forme équivalente. De plus, la mention du poids dans cette indication textuelle est redondante par rapport au schéma. Il est possible que ces caractéristiques gênent la fonction diaphorique que la plage visuelle devrait avoir dans cette position, dans la mesure où la traduction de l'information verbale n'est pas complète et qu'elle n'est pas toujours condensée.
On peut faire l'hypothèse que le même effet est produit par la légende de ces deux premiers schémas; en effet, dans les deux cas, elle répète une partie seulement de l'information donnée par l'image et par là sa fonction d'aide à la compréhension du schéma par explicitation ou par synthèse ne paraît pas complet. En outre, alors que ces deux schémas comparent deux situations différentes selon les mêmes critères, les deux légendes ne sont pas cohérentes entre elles; cela comporte le risque de réduire l'efficacité de la comparaison schématique.
En définitive, du fait de l'absence ou de la redondance d'information dans les schémas, le document produit par Bernard n'est pas aussi linéaire que le laisserait penser sa structure globale.

Il est interessant d'observer, dans le travail de Gael, les relations entre la progression dans le contenu et la schématisation.
Le texte entier est compartimenté en unités logiques, selon une progression nécessaire à la compréhension et dans chaque unité (à une exception près dont nous parlerons plus loin) la schématisation obéit au principe d'économie: l'essentiel des informations contenues dans le texte est repris. Nous prendrons comme exemple le schéma de la troisième partie ("l'air chaud a un poids spécifique ..."); Gael a choisi de représenter la tendance de l'air froid à descendre et celle de l'air chaud à monter, c'est pour lui l'information essentielle et il s'en tient à elle; le schéma a bien une fonction diaphorique. La première partie du texte est interessante car les "petits dessins" qui y sont insérés ne constituent pas à proprement parler une visualisation de l'information mais plutôt une sorte d'icone de marquage qui indique quel est le sujet principal du document et sous quelle forme le lecteur va le rencontrer par la suite. Ils participent donc à l'unité du document.
La deuxième partie et ses représentations appellent cependant quelques remarques:
-La légende, insérée dans le schéma, est dynamique: les trois éléments qu'elle contient s'affichent l'un après l'autre, dans un ordre logique qui correspond à l'explication du phénomène que donne le texte.
-Gael a fait le choix de respecter le texte original; il conserve et schématise la mention de la stabilité de l'air chaud et de l'instabilité de l'air froid à ce moment-là. On peut cependant penser que cela induit une perturbation de la compréhension car les éléments d'explication se trouvent plus loin dans le document
-Les éléments figuratifs (le soleil et la végétation) introduisent une information qui ne se trouve pas dans le texte: le rôle du rayonnement solaire; la représentation a ici une fonction d'information.
-En outre, il faut noter que cette illustration est davantage une représentation globale qu'un schéma dans la mesure où elle donne à voir une masse d'air, normalement invisible, intégrée dans un paysage aux éléments familiers; cela présente l'avantage de rendre concrète la notion de masse d'air mais on peut aussi estimer que cela simplifie trop et déforme la réalité (en isolant ansi une petite masse d'air, la représentation ne tient pas compte de l'échelle réelle des phénomènes et elle indique un vide contraire à la réalité); la schématisation d'une masse d'air par Bernard, à l'interieur d'un cadre qui en isole une partie et ne se prononce pas sur ce qu'il y a autour, paraît plus rigoureuse d'un point de vue scientifique.
-Enfin, et nous en reparlerons lors de l'analyse des variables visuelles, on peut s'interroger sur l'efficacité diaphorique de l'illustration en ce qui concerne la mémorisation de la définition d'une masse d'air chaud et d'une masse d'air froid. En effet Gael n'a pas choisi de représenter la température du sol par une variable univoque; le sol froid est représenté par une surface couverte de neige et le sol chaud par la même surface en herbe; rien ne garantit que le lecteur associera correctement ces représentations à une valeur de température relative.

Les travaux de Bernard et de Gael diffèrent dans le choix des parties du texte à visualiser à l'aide 
d'animations.
Tous deux ont réalisé des animations pour illustrer la dernière partie du texte, qui traite de la stabilité de l'air froid et de l'instabilité de l'air chaud; c'est un choix logique puisque le temps est une variable entrant forcément en jeu dans ces phénomènes. En revanche, on relève des éléments des schémas animés qui ne constituent pas une traduction condesée de l'information verbale.
Bernard a figuré de manière complète le texte expliquant le comportement de l'air chaud, y compris le passage qui évoque le cas où la masse d'air est soulevée; ce n'est pourtant pas un élément indispensable à la compréhension du phénomène principal.En outre, le texte ne précisant pas le facteur éventuel de soulèvement, Bernard est conduit à ne pas le figurer; il doit donc rajouter du sens au schéma, sous forme verbale, pour le rendre compréhensible.
Les animations de la seconde partie du travail de Gael (la définition comparée des masses d'air chaud et froid) s'expliquent sans doute par la volonté de représenter la totalité du texte, y compris les passages symétriques :"la surface sur laquelle elle se déplace". On peut penser qu'elles ne sont pas nécessaires dans la mesure où le déplacement latéral des masses d'air n'entre pas en ligne de compte dans leur définition ni dans les phénomènes décrits plus loin dans le texte; elles vont donc à l'encontre du principe du moindre coût.
Gael a également animé la schématisation de la tendance de l'air froid à descendre et de celle de l'air chaud à monter; la démarche est cohérente avec son choix de mettre l'accent sur cette caractéristique plutôt que sur la comparaison des densités et des poids. On peut cependant remarquer que le phénomène est relatif (c'est sensible dans la précaution réthorique dans le texte: "En comparaison...aura tendance à") et que la représentation qu'en a faite Gael n'en tient pas compte.


Les variables visuelles


Dans les deux travaux, certaines d'entre elles font l'objet d'une reconnaissance rapide, bien qu'elles 
appartiennent à des registres très différents.

 D'autres variables visuelles appellent des remarques. Nous en prendrons quelques exemples:

On voit que les difficultés de conversion concernent surtout les variables spatio-visuelles impliquées dans les 
animations; ce n'est pas étonnant dans la mesure où l'on n' a pas encore une grande expérience de la 
manipulation de telles variables et où le corpus n'est pas encore suffisant pour qu'on puisse y puiser des 
représentations traditionnelles.

Dans le travail de Bernard , certaines notions sont représentées par plusieurs variables. On constate par exemple que la masse d'air est représentée trois manières différentes tout au long du document, les couleurs indiquant la température relative ne sont par ailleurs pas exactement les mêmes. L'apprenant doit en quelque sorte effectuer à chaque lecture de schéma un travail de décodage entre le texte et l'illustration et de transcodification d'un schéma à l'autre. De plus, Bernard est conduit à redéfinir verbalement toutes les variables de ses différents schémas, d'où l'importance du texte à l'intérieur de ceux-ci.


En définitive, une des 
principales différences entre les travaux de Bernard et de Gael réside dans le fait que l'un rompt la linéarité 
apparente de son document en n'homogénéisant pas les variables visuelles de ses différentes illustrations, 
tandis que Gael unifie la structure apparemment morcelée de son travail par la monosémie des variables dans 
l'ensemble du cours.
A.M
RETOUR à la liste des travaux pour STAF 13
RETOUR vers la PAGE PRINCIPALE