Méthodes
Pour tester la "usability" d'un site ou d'une application il y a des approches différentes, dans le chapître suivant nous allons présenter deux de ces méthodes
Vérification de la facilité d'utilisation par des évaluateurs
Cette méthode consiste à vérifier la facilité d'utilisation d'un site ou d'une application par des évaluateurs, qui sont censés trouver les problèmes liés à la facilité d'utilisation.
Certaines méthodes de vérification évaluent la facilité d'utilisation global de l'ensemble du système ainsi que le taux de gravité des problèmes d'utilisation. On peut différencier les diverses méthodes de deux façons :
- le critère d'évaluation employé par les évaluateurs, et
- le processus qu'ils appliquent pour porter leurs jugements.
Selon la méthode choisie, l'interface peut être vérifiée par un seul évaluateur à la fois ou par un groupe d'évaluateurs coordonnant leurs efforts. Les évaluateurs sont souvent des spécialistes de la facilité d'utilisation, mais ils peuvent être aussi des concepteurs ou des utilisateurs ayant de solides connaissances.
Les méthodes de vérification de la facilité d'utilisation présentent un certain nombre d'avantages : Puisque ces méthodes sont basées sur la vérification plutôt que sur des essais de systèmes opérationnels, elles peuvent s'effectuer sur des prototypes ou même sur papier.On peut appliquer ces méthodes au début d'un cycle de développement et les répéteraisément à différentes étapes du développement. Ces méthodes peuvent aisément être adaptées sans inconvénient à différentes méthodologies de développement. Ces méthodes ne sont pas coûteuses et elles ne nécessitent pas d'équipementspécialisé ou de laboratoire. Une vérification par un spécialiste de la facilité d'utilisation peut être un moyen simple de transmettre des connaissances sur la facilité d'utilisation à un groupe plus large. Une vérification simple ne nécessite pas d'expertise. Une bonne vérification de base peut s'effectuer après seulement une heure de formation. Ces méthodes procurent des résultats immédiats et concrets. Dans le monde de la conception de sites Web, la plus prisée des méthodes de vérification de la facilité d'utilisation est la méthode de l'évaluation heuristique
Évaluation heuristique
L'évaluation heuristique consiste en le recours à un petit groupe d'évaluateurs (entre trois et cinq) qui examinent une interface en fonction d'un ensemble de principes acceptés de facilité d'utilisation, que l'on nomme heuristiques.
Selon les circonstances, les concepteurs du site et les évaluateurs peuvent décider d'utiliser un ensemble de principes heuristiques déjà existants ou ils peuvent élaborer un ensemble de principes faits sur mesure afin d'aborder des questions spécifiques au site 4. Une recherche sur le Web engendrera des centaines de directives, de normes et de critères de facilité d'utilisation pouvant être utilisés pour élaborer un répertoire de principes généraux aux fins d'évaluation
Dans une évaluation heuristique, les évaluateurs travaillent de manière indépendante en déterminant quels sont les problèmes liés à la facilité d'utilisation et en associant chaque problème au principe de la facilité d'utilisation qu'il transgresse. Dans certains cas, on utilise des scénarios (un ensemble d'opérations que l'utilisateur réaliserait) pour aider les évaluateurs à comprendre les tâches concrètes. Lorsque les évaluateurs ont terminé, on compile tous les résultats et les problèmes sont estimés en fonction de leur gravité.
L'inconvénient de l'évaluation heuristique est qu'elle n'offre pas de solutions de conception, elle ne fait que souligner les problèmes liés à la facilité d'utilisation. De plus, elle n'indique pas les aspects positifs de la conception. Cependant, les principes généraux de la facilité d'utilisation peuvent être employés comme balises afin de trouver des solutions ou pour refaire la conception. En fin de parcours, un compte rendu de l'ensemble de la situation ou une séance de remue-méninges peut aussi engendrer des idées de conception.
Méthode centrée sur le public cible
Avant d'utiliser les techniques liées à la facilité d'utilisation, le premier défi est de définir le public visé par le site Web. Que le site soit à l'étape primaire de sa conception, qu'il soit à l'étape de l'essai par les utilisateurs ou qu'il soit mûr pour une nouvelle conception, il est essentiel pour les concepteurs de bien connaître et de bien comprendre les utilisateurs du site. Le second défi sera de trouver des utilisateurs types qui aideront à la conception ou à des activités de vérification du site.
Description du public cible
L'identification du public cible d'un site Web est tout ce qu'il y a de plus simple. Pour une compagnie qui produit des logiciels, le public cible est formé des concepteurs; une compagnie de vente possède le profil de mise en marché de son client idéal ; le public cible d'une bibliothèque académique se compose des facultés et des étudiants. Toutefois, le simple fait de déterminer le public cible d'un site ne révèle pas les besoins des utilisateurs et ne fournit pas, non plus, les caractéristiques et les compétences nécessaires pour décrire ce public cible.
Il existe un certain nombre de méthodes pour recueillir l'information nécessaire à la description du public cible dont les groupes cibles, les entrevues d'utilisateurs, les recherches démographiques et la compilation des commentaires obtenus sur un site précédent.
L'une des méthodes les plus souvent utilisées pour recueillir l'information servant à la définition du public cible d'un site Web est le sondage des utilisateurs. Les sondages en ligne peuvent être affichés sur un site précédent, envoyés par courrier électronique, envoyés à des groupes de discussion ou affichés sur des listes d'envoi.
Un sondage sur la définition d'un public cible peut recueillir, en partie ou en totalité, les renseignements suivants:
- profil de l'utilisateur (information démographique, emploi ou passe-temps préféré),
- profil de navigation (quelle utilisation font-ils du Web),
- utilisation du site (ce qu'ils aiment, ce qu'ils n'aiment pas, les efforts requis), et
- niveau technologique (matériel, type de navigateur, vitesse de connexion).
La méthode du sondage est sans doute rapide et peu dispendieuse; par contre, elle présente un désavantage car qu'elle n'offre pas un échantillonnage représentatif. À titre d'exemple, les répondants pourraient être seulement ceux qui sont insatisfaits d'un site ou ceux qui sont capables d'utiliser un formulaire en ligne. Pour cette raison, l'information recueillie lors d'un sondage de définition du public cible devrait être complétée grâce à des sources complémentaires.
Trouver des utilisateurs représentatifs
Il existe différentes façons de trouver des utilisateurs représentatifs qui participeront à la conception ou aux activités de vérification du site. Si l'on procède à une vérification restreinte, de type « rapide et expéditive », pour obtenir des résultats rapides, il peut convenir de s'adresser à des connaissances ou à des collègues. Pour des activités plus formelles, plus étendues ou plus complexes, on pourra se servir des sources suivantes :
- listes de clients (comprenant des listes d'envoi de mise en marché ou des données sur les ventes),
- organisations ou associations connexes
- listes de discussion par courrier électronique ou groupes de discussion,
- conférences et événements,
- agences de placement ou entreprises de groupes cibles.
Méthode centrée sur l'utilisateur
La clé pour bâtir un site Web utile et utilisable est d'impliquer l'utilisateur dès le début dans le processus de sa conception. Dans le contexte des récents développements de logiciels,les conceptions centrés sur l'utilisateur ont généralement mené à l'amélioration des interfaces des logiciels et à de plus grandes chances que les logiciels correspondent aux attentes et aux besoins des utilisateurs. Les utilisateurs s'attendent maintenant à ce que les sites Web soient aussi faciles à utiliser que les logiciels.
Groupes cibles
Le groupe cible typique est composé d'un petit nombre d'individus qui discutent des différentes questions et préoccupations sous la supervision d'un modérateur. Les discussions sont enregistrées, parfois sur rubans vidéo, pour pouvoir ensuite être analysées. On peut aussi animer les groupes cibles par l'entremise de moyens électroniques tels que le logiciel de groupe ou, de manière informelle, par courrier électronique ou par le biais de groupes de discussion déjà existants.
Le recours aux groupes cibles est avant tout une technique de mise en marché. Dans la conception de sites Web, la meilleure utilisation du groupe cible est de s'en servir pour définir ce que les utilisateurs demandent, ce qu'ils attendent ou encore pour percevoir leurs besoins.
Le recours aux groupes cibles n'est pas une bonne façon de procéder à l'évaluation de la facilité d'utilisation de l'interface parce qu'il invite uniquement à l'expression des opinions et ne démontre pas comment l'utilisateur peut interagir avec le site.
Triage de fiches
Les exercices de triage de fiches consistent à amener l'utilisateur à déterminer la structure du site et l'organisation de son contenu.
On fournit à chacun des utilisateurs des fiches d'index qui donnent la description du contenu du site et on leur demande d'organiser ce contenu par groupes logiques pour ensuite leur attribuer des étiquettes ou les décrire. On peut également fournir aux utilisateurs des fiches à remplir qu'ils emploieront pour créer des catégories de contenu qui, selon eux, seraient manquantes. Par la suite, les concepteurs du site analysent les différents regroupements du point de vue de la cohérence et élabore une structure générale du site.
Identification, description et étiquetage de catégories
L'identification, la description et l'étiquetage de catégories sont des activités de suivi se rapportant au triage de fiches. Ces activités contribuent à s'assurer que les catégories de contenu, les étiquettes et les descriptions qui ont été conçues répondent aux attentes des utilisateurs et préviennent le concepteur de toutes modifications nécessaires.
L'identification de catégories consiste à fournir aux utilisateurs les groupes de contenu et les étiquettes et à leur demander sur laquelle des étiquettes ils envisagent de cliquer pour trouver chacun des groupes de contenu respectifs.
La description de catégories consiste à fournir à un groupe d'utilisateurs les étiquettes de contenu et à leur demander de décrire le contenu qu'ils s'attendent à trouver derrière une étiquette particulière.
L'étiquetage de catégories consiste à fournir aux utilisateurs plusieurs étiquettes et un certain échantillon de contenu et à leur demander de choisir l'étiquette la plus appropriée pour ce contenu.
Validation fil de fer
Dans la validation fil de fer, les données recueillies lors des exercices de triage de fiches et des exercices de suivi sont utilisées pour créer un ou plusieurs modèles structurels simples ou modèles « fil de fer » du site. Un modèle fil de fer est composé d'une simple page d'ébauche qui montre la structure du site et la localisation de son contenu. Les modèles fil de fer peuvent ensuite être vérifiés par les utilisateurs pour déterminer si la structure du site est logique selon la perspective de l'utilisateur.
Puisqu'ils ne comportent pas d'éléments de contenu, les modèles fil de fer peuvent être rapidement assemblés et vérifiés. Cela permet le développement itératif, p. ex., on peut réviser les modèles fil de fer et les vérifier autant de fois que cela est nécessaire, tant et aussi longtemps que la structure du site n'est pas complétée.
Pages à codification linéaire
On peut utiliser les « pages à codification linéaire » afin de déterminer si le plan et la conception d'un site particulier seront efficaces pour aider l'utilisateur à naviguer sur le site et trouver le contenu.
Dans une page à codification linéaire, tout le texte est remplacé par des absurdités et on demande aux utilisateurs s'ils peuvent reconnaître des éléments de contenu spécifique sur la page, tels que le titre de la page, les items principaux du contenu ou les éléments de navigation en se fiant uniquement à l'organisation de la page et à la conception graphique.
Vérification de la facilité d'utilisation (utilisateur)
Les idées préconçues voulant que la vérification par l'utilisateur soit coûteuse, difficile et de longue durée dissuadent plusieurs concepteurs de sites Web d'effectuer tout genre de vérification. Par contre il y a consensus, en ce qui concerne le Web, qu'une vérification de la facilité d'utilisation, si minime soit-elle, vaut mieux qu'aucune vérification et que des résultats utiles s'obtiennent sur une très courte période de temps avec un nombre restreint d'utilisateurs.
Bien que pour les sites complexes et considérables des grandes entreprises ont puisse faire appel à des méthodes élaborées de vérification par les utilisateurs telles que des laboratoires au sujet de la facilité d'utilisation, des enregistrements sur bandes vidéo, des études de lisibilité optimale, etc., il est aussi facile de faire des vérifications rapides, économiques et simples qui donneront de bons résultats.
La vérification de base par les utilisateurs supposent que l'on ait de vrais utilisateurs qui exécutent de vraies tâches tout en expliquant leurs décisions et en exprimant leurs pensées à haute voix. Les utilisateurs participant aux évaluations devraient être représentatifs du public cible du site. Les tâches accomplies par ces derniers devraient aussi représenter la réelle façon dont les utilisateurs se serviront du site. Le fait de faire appel à des utilisateurs qui donnent leurs commentaires tout en accomplissant leurs tâches de vérification fournit un bon aperçu des problèmes qu'ils peuvent rencontrer.
Jakob Nielsen estime qu'une étude de facilité d'utilisation moyenne employant la méthodologie traditionnelle dure au total 39 heures, ce qui comprend la planification et le rapport final 6 . Des vérifications simples peuvent s'effectuer en quelques heures.
Puisque les utilisateurs doivent pouvoir exécuter des tâches, les vérifications par les utilisateurs exigent qu'un système opérationnel quelconque soit en place, que ce soit le prototype d'un nouveau site ou un site déjà existant que l'on vérifie pour en refaire la conception.
Certaines mesures additionnelles peuvent être prises pour maximiser l'efficacité de la vérification par l'utilisateur.
Quand cela est possible, il peut s'avérer avantageux de faire la vérification sur le site de l'utilisateur. En observant l'utilisateur parcourir le site avec son propre équipement dans son propre environnement, on obtiendra un portrait plus juste de l'expérience que retirera l'utilisateur de ce site. La vérification s'opère normalement sur une base individuelle, ce qui permet au facilitateur d'observer de près le comportement de l'utilisateur. La présence d'un deuxième facilitateur peut s'avérer utile pour fins d'enregistrement. On a déjà constaté que l'ajout d'un deuxième utilisateur permet de recueillir des résultats intéressants. Le dialogue qui s'instaure entre les deux utilisateurs stimule la réflexion exprimée de vive voix. Ce phénomène que l'on qualifie d'apprentissage par la découverte mutuelle se compare au remue-méninges. Le facilitateur ou vérificateur doit être en mesure de conserver son objectivité et, pour cette raison, il est souvent préférable d'employer un facilitateur de l'extérieur.
En général, la vérification par l'utilisateur ne génère pas de résultats statistiques probants, bien que ce ne soit pas nécessaire pour que celle-ci soit utile. La clé pour interpréter les résultats de la vérification par l'utilisateur est l'observation des tendances et des schémas de comportement qui trahissent les problèmes de la facilité d'utilisation rencontrés sur le site.
Commentaires de l'utilisateur
À partir du moment où le site est affiché sur le Web, il est très utile de continuer à recueillir les commentaires des utilisateurs afin de connaître le niveau de satisfaction des utilisateurs. Les méthodes les plus usitées pour recueillir les commentaires des utilisateurs sont le courrier électronique et les questionnaires en ligne. Cependant, il est important de se rappeler que ces méthodes comportent des limites :
- Les utilisateurs doivent être en mesure de faire parvenir leurs réactions, p. ex., un formulaire sur courrier électronique peut nécessiter que l'adresse de courrier électronique des utilisateurs soit configuré à même leur navigateur ou que leur Javascript soit activé.
- Les utilisateurs doivent être disposés à répondre. Puisque les répondants s'autosélectionnent, la correspondance sera généralement très positive ou très négative. Il y aura très peu de réactions de personnes qui afficheront des attitudes mitigées, négatives ou positives.
- Les utilisateurs doivent posséder la configuration appropriée sur leurs logiciels, p. ex., les technologies qui exigent un certain type de navigateur ou de module externe limiteront les réponses.
- L'emplacement du mécanisme de rétroaction à l'intérieur du site affectera aussi le taux de réponses.
- Un utilisateur qui réagit à un mécanisme de rétroaction du site n'aura pas le même niveau d'engagement et d'attention que celui qui participe à une vérification par l'utilisateur. Les réactions obtenues dans de telles circonstances sont souvent trop générales pour être utiles.
Compte tenu des restrictions de ces mécanismes de rétroaction, ceux-ci se montrent beaucoup plus utiles en tant qu'indicateurs généraux du taux de satisfaction des utilisateurs. Avant de rebâtir un site, on devrait appliquer d'autres techniques liées à la facilité d'utilisation, telle que la vérification par l'utilisateur.