"ARTIFICIAL INTELLIGENCE AND TUTORING SYSTEMS"

Wenger E. 1987, Los Altos (CA) Morgan Kaufmann Publishers

Résumé du chapitre 1: knowledge communication systems

 

En guise d'introduction à ce chapitre, l'auteur donne quelques précisions sur les abréviations couramment utilisées pour nommer les logiciels éducatifs: CAI pour Computer-Aided Instruction et ITS pour Intelligent Tutoring Systems. L'auteur préfère la seconde appellation qui inclut la notion d'intelligence artificielle, plus pertinente pour le thème de ce livre car plus éloignée de l'enseignement traditionnel, qui est plus représenté par l'appellation CAI.

Encodage implicite vs codage explicite

Wenger fait, dans cette partie, une comparaison entre les CAI et les livres : tous deux contiennent les connaissances de leur auteur à la fois sur le sujet abordé mais aussi au niveau de son approche pédagogique. Mais ce qui manque aux livres, c'est un accès dynamique à ces connaissances : Un livre ne peut pas communiquer avec son lecteur, donc il ne peut pas s'adapter aux besoins personnels de chacun d'eux. Malgré l'existence possible de plusieurs niveaux de lecture (présence d'un glossaire, de notes, etc...), le support papier contraint de tout prévoir à l'avance.

Ces dernières années, la recherche pour les CAI traditionnels va vers une facilitation de la création de logiciels éducatifs en proposant des langages auteur spécialisés ou même des environnements auteur. De plus, la fonction de communication de l'ordinateur tend à être améliorée.

Cependant, le but de ces recherches n'est pas de contraindre les auteurs de composer des interactions éducatives en représentant leur décisions sous forme de programmes, mais plutôt de comprendre et de saisir la véritable connaissance pédagogique qui permet à un expert de composer une interaction éducative.

L'évolution actuelle va vers une plus grande autonomie des systèmes de CAI et d'ITS. Cette autonomie se mesure par exemple dans la capacité d'un système à générer des exercices ou à s'adapter au niveau de l'apprenant. Le but idéal des ITS est celui d'un système capable de raisonner pédagogiquement de manière entièrement autonome, avec le danger potentiel de voir celui-ci prendre des décisions non-prévues.

D'après l'auteur, il ne faut cependant pas craindre pour autant de voir un jour les ordinateurs remplacer les enseignants. En effet, enseigner ne se limite pas à fournir des informations, c'est un acte social qui possède beaucoup d'autres dimensions.

La communication des connaissances

On parle beaucoup actuellement des systèmes qui ont pour but de communiquer des connaissances. L'auteur va surtout s'intéresser à cet aspect qui ouvre des perspectives intéressantes :

Du point de vue de l'intelligence artificielle, cela implique une vision des activités pédagogiques ouvrant sur des capacités plus générales des systèmes intelligents.Du point de vue de l'éducation, la communication du savoir ne comporte pas la connotation sociale que l'enseignement possède.

Le thème central de ce livre est donc la communication des connaissances, cell-ci peut être définie comme suit : "La capacité de soutenir l'acquisition de la connaissance de quelqu'un par quelqu'un d'autre, à travers un ensemble limité d'opérations de communication". Ces opérations suggèrent l'existence d'un système de symboles et de conventions qui peuvent se matérialiser sous forme de textes, d'illustrations ou de séries d'exercices.

Implications théoriques et pratiques

L'apparition des ITS a provoqué un phénomène de déplacement de la programmation des décisions vers la programmation des connaissances. On a vu que cela impliquait que ces systèmes aient pour but principal non pas une optimisation de la production de systèmes mais plutôt une compréhension informatique des processus de communication des connaissances.

La notion de modèle devient, en outre, on point d'importance centrale (modèle de l'étudiant, modèle de procédés de communication).

Voici les implications pratiques et théoriques du déplacement méthodologique décrit plus haut :

- Une des conséquences pratique de ce déplacement est que les systèmes intelligents de tutorat restent difficiles à construire. Ils requièrent une très grande compréhension des processus impliqués dans l'acte d'enseigner, qui est un acte difficile.

- On trouve traditionnellement deux types d'applications de l'ordinateur pour l'enseignement : Premièrement, l'ordinateur vu comme un moyen de distribuer l'instruction et de contrôler la pratique guidée. Cette vision de l'enseignement a tendance à produire des tutoriels très rigides d'utilisation. Deuxièmement, l'ordinateur vu comme un outil interactif utilisé dans un environnement conçu pour l'apprentissage par exploration (voir notamment les travaux de Papert, 1980).

Transmettre le savoir au moyen de représentations explicites dans des systèmes éducatifs informatisés conduit les chercheurs à entreprendre des recherches fondamentales sur la nature des connaissances et des caractéristiques qui les rendent communicables. Ces investigations ont été à la base du développement de l'intelligence artificielle en instituant la communication intelligente des connaissances. Ce sujet va apparaître constamment au fil des pages de ce livre.

Une entreprise interdisciplinaire

La création de systèmes de communication des connaissances doit être vue comme un centre d'intérêts communs pour des chercheurs venus d'horizons différents. Le domaine de l'intelligence artificielle, par exemple, utilisé pour communiquer des connaissances est lié au développement de beaucoup d'autres champs de recherche.

D'autre part, l'épistémologie, la psychologie, les sciences cognitives sont liées à la recherche en communication automatisée des connaissances de la même façon que l'est l'intelligence artificielle.

la linguistique peut également faire avancer de manière intéressante les systèmes en les dotant de capacités de compréhension et d'utilisation du langage naturel.

L'anthropologie est aussi un domaine lié car elle prend en compte le tissu culturel et le contexte social et géographique dans lequel les interactions vont prendre place et dans lequel évoluent les connaissances.

Certains aspects de l'interaction homme-machine ne sont pas traités dans ce livre, notamment les systèmes d'aide, les interfaces utlisateur, le système de récupération de bases de données, car chacun de ces thèmes constituent un sujet en lui-même.

Selon l'auteur, on peut prédire sans trop risquer de se tromper que tous ces domaines déjà liés entre eux vont encore se rapprocher en même temps que progressera la recherche en direction de systèmes interactifs plus sophistiqués.

Résumé et conclusion

Ce chapitre a montré les efforts actuels pour produire des modèles informatisés de communication interactive des connaissances. On a vu les relations de ce domaine avec l'intelligence artificielle. On a vu aussi que pour cette discipline, la science de l'intelligence coexiste avec la discipline de fabrication de ces modèles informatisés. Cette particularité va être utilisée comme base dans ce livre.

 

Catherine Roulet - juin '99

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