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Synthèse d'une problématique
(sur questionnaire / STAF 16)

Question 3

Dans la conception de matériel pédagogique, il est préférable de:

  1. découper la difficulté en un séquence d'étapes de progressivité très fine, de telle sorte que chaque étape représente une difficulté minimale par rapport à la précédente.
  2. concevoir des étapes de difficulté moyenne mais en donnant de l'aide à l'élève si nécessaire.
  3. concevoir une situation assez difficile, dans laquelle le sujet affronte la tâche dans toute sa complexité et le laisser se débrouiller petit à petit.

Une des questions que se posent le plus les concepteurs de matériel pédagogique depuis de nombreuses années et celle du découpage des difficultés. Il est en effet très difficile de faire un choix entre un découpage fin, qui risque de lasser l'élève, et un exercice plus compliqé, qui risque de le décourager.
Un certain nombre de théories (Skinner, Bruner, Crowder... ) portent sur les différentes manières de présenter les problèmes aux apprenants, afin que l'apprentissage soit optimum pour eux..


La première proposition, qui consiste à découper la difficulté en une séquence d'étapes de progressivité très fine, de telle sorte que chaque étape représente une difficulté minimale par rapport à la précédente, correspond bien aux modèles behavioristes (ou comportementalistes): dans ces modèles, on essaye de maximiser les renforcements positifs tout en évitant les erreurs de l'élève. On essaye d'associer de manière systématique un renforcement (feed-back) à chaque réponse de l'élève, si possible de manière positive. On part en effet du principe qu'en faisant des erreurs, il pourrait associer inconsciemment ses mauvaises réponses aux questions, et se créer ainsi de fausses croyances qui lui donnerait du retard par la suite. On veut donc qu'il fasse le moins d'erreurs possibles. Le fait de découper les difficultés en étapes très fines augmente énormément les chances d'avoir à donner un renforcement positif plutôt que négatif à l'élève.
De plus, en proposant des activités de difficultés moyennes, l'élève se met de lui-même en confiance avec la matière enseignée: il se sent heureux d'avoir réussi les étapes pécédentes et fait encore plus d'effort pour continuer son parcourt "sans fautes". Mais le fait de progresser très lentement peut aussi, à la longue, provoquer une sorte d'ennui croissant chez l'élève. De plus, si cette méthode peut avoir des raisons d'être dans certains domaines, comme l'orthographe, elle peut ne pas se révèler vraiment efficace dans l'apprentissage de certaines autres tâches.
structure linéaire

En concevant des étapes de difficultés moyennes (mais en donnant de l'aide à l'élève s'il pense que c'est nécessaire), on peut essayer de soutenir l'attention de l'apprenant en l'obligeant à se creuser un peu plus la tête sur les problèmes qu'on lui pose. La motivation de l'apprenant est un élément très important dans l'apprentissage, et cette motivation est forcément en relation avec l'attention que la personne porte au problème, aux renforcements qu'elle reçoit lorsqu'elle réussit, à l'aide qu'elle trouve, etc... Il est donc important de renforcer cette motivation en donnant à la personne l'impression qu'elle avance et qu'elle résout des problèmes plutôt difficiles pour elle.
L'élève a besoin de défis, mais ceux-ci ne doivent pas être de difficulté trop importante non plus, de manière à ne pas le décourager. Les difficultés auxquelles il se voit confronté et qu'il parvient à résoudre lui montrent bien sa progression, et le fait qu'il puisse avoir accès à une aide lui évite de se retrouver bloquer à l'intérieur du problème et de se décourager. Il faut qu'il puisse débloquer tout seul la situation pour pouvoir continuer dans sa progression et ainsi réussir les exercices suivants. Il serait donc intéressant que le didacticiel ait aussi la capacité d'exploiter les erreurs que l'élève a commises afin de lui proposer une aide appropriée, ou un nouvel exercice pour faire ressortir le principe que l'élève n'a pas bien intégré... En d'autres termes, il faut qu'il est une structure suffisemment ramifiée pour s'adapter aux différents type d'erreurs que les élèves peuvent commettre.
Il ne faut en effet pas tenter d'enseigner quelque chose tant que tous les prérequis à cet enseignement ne sont pas maîtrisés par l'élève. Celui-ci doit donc avoir des exercices tout à fait adaptés à son niveau, et dans lesquels il peut trouver de l'aide si la situation semble devenir trop complexe.

La troisième proposition consiste à concevoir une situation assez difficile, dans laquelle le sujet affronte la tâche dans toute sa complexité et dans laquelle on le laisse se débrouiller petit à petit. Dans cette alternative, l'élève a accès à une vue d'ensemble au problème. C'est lui qui décide comment il va explorer cette tâche, et il peut décider d'affronter les différentes parties selon son rythme. Cela présente l'avantage de laisser une grande part à l'autonomie de l'élève, et cela lui permet de prendre confiance en lui. De plus, ça lui permet de résoudre le problème "à sa manière".
En effet, tout le monde ne résout pas forcément un problème de la même manière... il faut donc laisser une certaine autonomie face à la difficulté, pour que chacun puisse l'adapter à son niveau. Les cognitivistes favorisent le fait de se retrouver face à une situation complexe, et de devoir tâtonner pour en venir à bout. Ainsi, l'élève doit faire des hypothèses, des faux pas, et apprends des erreurs qu'il a commises.
Mais il ne faut pas perdre du vue le fait qu'en utilisant une situation difficile, l'élève doit pouvoir être réorienté de manière juste (et de manière appropriée par rapport à la difficulté réellement rencontrée) par une aide justicieuse à chaque fois qu'il est bloqué...


A mon sens, la deuxième proposition est la plus adaptée à la majorité des situations d'apprentissage, dans la mesure ou on essaie de faire la part des choses entre un exercice trop facile (mais gratifiant) et un exercice trop difficile (mais décourageant !). Le fait de proposer une aide en cas "d'enlisement" et une bonne solution car elle permet à l'apprenant de gérer lui-même ses difficultés. Il est donc important que cette aide soit toujours "d'à propos".
Cependant, cette solution n'est pas forcément la meilleure pour tous les types de tâches ou pour tous les types d'élèves... Tout le monde n'a en effet pas la même manière d'apprendre et, là où un élève sera très à l'aise lorsqu'on le laisse libre de gérer le problème, un autre sera peut-être complètement destabilisé. Il faut donc aussi tenir compte de l'apprenant et de sa manière d'apprendre...


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