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Étude des techniques de collaboration entre individus dans un environnement virtuel

Université de Genève
Faculté de Psychologie


  1. Résumé
  2. Introduction
  3. Plan expérimental
  4. Analyse des résultats
  5. Discussion des résultats de l’expérience
  6. Conclusion
  7. Bibliographie


1. Résumé

Cette expérience a pour but de mieux comprendre quels sont les processus qui entrent en jeu dans la collaboration entre deux individus au sein d’un environnement virtuel, ainsi que de déterminer comment l’ajout d’un “mémo informatique” (grâce auquel il est possible à la fois de stocker et de se transmettre des informations, indépendamment de l’environnement virtuel dans lequel se déroule l’expérience), le whiteboard, peut participer à la relation entre les connaissances de bases des sujets et la résolution de problème.

Dans cette expérience, l’énigme consiste en un meurtre commis dans une auberge. Les sujets, qui passent l’expérience par paires, se trouvent dans deux pièces différentes sur deux ordinateurs, et, en ne communiquant ensemble que grâce à leurs ordinateurs, ils doivent trouver conjointement qui est le meurtrier et quel est son mobile. Ils peuvent pour cela se déplacer dans chacune des pièces (virtuelles) de l’auberge, regarder un certains nombre d’objets et interroger chacun des 11 suspects qui se trouvent à l’intérieur. L’expérience se termine lorsque les sujets considèrent qu’ils ont trouvé la solution.
Les sujets de l’expérience présentée ici n’avaient pas de whiteboard commun et devaient se contenter d’un whiteboard personnel pour stocker leurs informations, l’expérience avec whiteboard commun ayant déjà été faite antérieurement. L’analyse des résultats consiste en une comparaison des résultats de cette expérience avec les résultats déjà obtenus au cours de celle avec les paires disposant du whiteboard commun.

Sur les 5 paires de sujets qui ont passé l’expérience sans whiteboard commun, 3 paires ont trouvé la solution, ce qui est comparable aux résultats obtenus avec le whiteboard commun. La durée de l’enquête a cependant été légèrement plus longue pour les sujets qui ne stockaient pas leurs informations en commun.
L’analyse des interactions entre les “enquêteurs” montre de façon très nette que ceux qui n’avaient pas de whiteboard commun se sont transmis beaucoup plus de faits que les autres par l’intermédiaire de l’environnement virtuel à disposition, et ce principalement au détriment des interactions ayant trait aux suppositions, aux hypothèses ou à l’organisation de l’enquête.
Ceci est explicable par le fait que, dans l’expérience avec whiteboard commun, les sujets pouvaient en une seule fois transmettre l’information à leur partenaire et la stocker, en l’écrivant dans le whiteboard. On peut donc facilement supposer que la plupart des faits qu’ils ont eu à transmettre se sont fait par cet intermédiaire, et qu’ils ont plutôt réservé l’environnement virtuel à la formulation de leurs interprétation et de leurs hypothèses.
Pour les sujets qui n’avaient pas cet outil, le seul moyen de se transmettre les informations que leur avaient donné les suspects étaient de les envoyer par l’intermédiaire de l’environnement virtuel.
Il est très intéressant de relever que cette analyse a montré aussi que les sujets qui ne disposaient pas du whiteboard commun ont eu un taux d’acknowledgment largement supérieur à celui de l’ensemble des autres paires, et qu’ils ont fait en moyenne deux fois plus d’interactions par minutes que les autres sujets... Ceci peut aussi être imputable au fait que, lorsque le stockage des informations était commun, il suffisait d’écrire quelque chose sur le whiteboard pour savoir que le partenaire l’avait vu. En l’absence de whiteboard commun, il fallait, après avoir transmis une information, vérifier que le partenaire avait bien compris ce qui lui avait été transmis et qu’il l’avait noté dans un coin de son whiteboard.

En conclusion, on peut donc dire que le whiteboard a bien joué son rôle d’outil à la collaboration pour ceux qui en disposaient. Il leur a évité un grand nombre d’interactions inutile et de travail double (écrire une information à son partenaire, puis l’écrire dans son whiteboard). Cependant, même si l’absence de whiteboard a joué un rôle sur le temps de l’expérience et le type d’interaction, il n’est pas certain qu’il est vraiment interférer sur la résolution ou non de l’énigme.


2. Introduction

De nos jours, on dirait que plus personne ne sait encore vraiment communiquer. D’après les experts de notre époque, tous nos ennuis découlent de problèmes de communication: problèmes de communication entre parents et enfants, problèmes de communication entre maris et femmes, problèmes de communication entre employés d’une même entreprise... Une meilleure communication se présente donc comme la panacée à tous nos soucis.

Mais communiquer, ce n’est pas seulement aligner des mots les uns après les autres... Communiquer présuppose tout d’abord que les personnes aient une compréhension et une connaissance commune de ce qui est mutuellement reconnu, de tout ce qu’elles ”partagent socialement“. C’est ce qu’on appelle l’intersubjectivité, et cela peut se résumer au fait que différents individus inventent les mêmes réponses à un problème donné. Cette intersubjectivité est un point central dans tout ce qui touche non seulement la communication d’instruction, mais aussi la communication en vue de la résolution d’un problème, comme ce sera le cas dans l’expérience qui va suivre.
En effet, le fait de vouloir résoudre un problème de manière commune via un médiateur (ordinateur, moo) comme c’est le cas ici présuppose que les deux individus se comprennent bien et qu’ils usent des mêmes “lois” sur le savoir (ou lois interpersonnelles). Ils doivent joindre leur savoir pour construire un système cognitif commun de nature unitaire – même s’il comprend les pensées des deux individus. “Spécifiquement, la résolution conjointe de problème consiste en deux activités. concurrentes: résoudre le problème ensemble, et construire un espace commun de problème. Ces deux activités cohabitent nécessairement” (J. Roschelle & S. D. Teasley, 1995). En d’autres termes, même s’ils sont deux, leur travail ne doit pas être partitionné et localisé individuellement. Selon Charles Crook (1994), “la présupposition et l’exploitation de la connaissance commune est une base nécessaire à la communication”.
C’est en fait d’après de nombreux auteurs la qualité de ce système cognitif unitaire qui garantit par la suite une communication efficace entre les différents partenaires.

Auparavant, les dimensions du temps et de l’espace étaient plus ou moins limitées, mais l’avènement de la photo, de la radio, du téléphone et de la télévision ont complètement redéfini nos notions du temps et des distances. Enfin, ces dernières années, les ordinateurs ont complètement transformé notre concept de l’information, notre capacité à interagir avec et à la manipuler: c’est à partir de là que les environnements informatiques ont émergés comme un nouveau médium puissant pour la communication aussi bien avec d’autres ordinateurs qu’avec d’autres gens.

La communication médiatisée par ordinateur regroupe un large éventail de fonctions dans lequel les ordinateurs sont utilisés afin de servir de support à la communication entre des humains. Cela inclut donc les courriers électroniques, les systèmes de conférence “on-line”, les Usenet, les systèmes interactifs de type “chat”. Dans ces cas précis, l’ordinateur sert essentiellement de médiateur entre des personnes plutôt que de processeur d’informations.
Le système de type “conversation interactive” comme les “Chat” est le plus proche de la communication verbale, dans la mesure où la plupart des règles de communication, comme les tours de paroles, sont respectées. Cependant, dans la mesure où il est moins rapide de taper les phrases sur un clavier que de les dire oralement, il y a forcément un certain nombre d’abréviation et de raccourcis propres au contexte qui se créent. De même, les “interlocuteurs virtuels” ne pouvant pas se voir réellement, ils inventent un certains nombre de symboles pour exprimer les émotions associées aux messages (smileys). Il se crée donc aussi de nouvelles règles de communication, directement liée à la manipulation de l’outil qui sert à communiquer.

Mais ce qui nous intéresse ici, au delà de la communication, c’est plutôt un mode différent d’interaction humaine: la collaboration.
Selon J. Roshelle et S. D Teasley (1995), la collaboration peut se définir comme “une activité coordonnée, synchrone, qui est le résultat d’un essai continu et qui maintient une vision partagée de la conception d’un problème.” Il est donc excessivement dur d’étudier la collaboration entre les individus, car c’est une activité dont les limites ne sont pas fixes. C’est pourtant l’un des comportements humains qui se révèle comme étant l’un des plus importants, et qui mériterait donc d’être plus étudié.

Pour rendre la collaboration vraiment effective, il est nécessaire de mettre en place un certain nombre d’outils qui facilitent la communication entre des individus qui doivent collaborer ensemble. La qualité et la quantité de collaboration dépend aussi beaucoup des outils utilisés pour la créer, d’où l’importance de trouver des nouvelles techniques, des nouveaux outils qui facilitent cette collaboration dans le domaine des nouveaux médias de communication. “On ne peut oublier le fait que la technologie peut servir aussi bien de barrière que d’outil à la collaboration” (M. Schrage, 1990)

En effet, le plus difficile à ne pas perdre de vue est le fait que ces nouveaux outils doivent servir l’ensemble d’un groupe qui doit collaborer et non pas chacun des individus de ce groupe séparément.
D’où cette analogie de M. Schrage (1990) avec ce qui se passe dans la cabine de pilotage d’un avion : “en faisant trop attention à qui fait quoi dans le cockpit, on programme de plus en plus pour des tâches individuelles et non pour des tâches d’équipes”. C’est dans un exemple comme celui-ci, où les conséquences d’une mauvaise communication pourraient s’avérer catastrophiques, que l’on comprend mieux à quel point il est important de mettre au point des outils vraiment efficaces pour permettre aux différentes personnes de bien communiquer ensembles. D’après toutes les expériences qu’il a fait, plus de communication était toujours corrélé avec de meilleures performances.

Dans l’expérience qui suit, on a esaayé de rajouter à l’environnement virtuel, le MOO, un outil supplémentaire qui se présente sous la forme d’une sorte de “bloc-notes informatique”, qui est attenant au MOO, mais qui est complètement indépendant de celui-ci. On espère qu’il s’avèrera être une aide pour les sujets qui doivent résoudre une énigme en commun.
Le but de cette expérience est de voir comment se passe la collaboration “médiatisée” par un ordinateur. On cherche à étudier comment deux individus construisent une compréhension commune d’un problème qu’ils ont à résoudre ensemble, et surtout dans quelle mesure le whiteboard apporte un atout supplémentaire à l’élaboration d’une compréhension commune d’un problème...

Hypothèses théoriques:

• Il sera plus long de construire une bonne connaissance commune du problème à résoudre si les sujets n’ont pas la possibilité de stocker en commun les informations qu’ils ont déjà collectées. A l’inverse, la collaboration des deux sujets sera facilitée s’ils peuvent stocker les informations déjà obtenues au même endroit, car chacun des deux pouvait noter au fur et à mesure les déclarations des différents suspects et les organiser comme il le voulait, sachant que le partenaire en aavait connaissance à partir du moment où il le notait dans le whiteboard.

• Il sera plus facile de résoudre le problème conjointement si les deux sujets peuvent communiquer entres eux à l’aide de deux médias différents (qui ne font pas double-emploi l’un avec l’autre).

• Si deux sujets n’ont pas sous les yeux de “stockage d’informations” en commun, il est probable qu’ils auront plus tendance à reposer plusieurs fois les mêmes questions, car les stockages personnels seront certainement moins complets... De même, on peut penser que chaque sujet aura tendance à reposer souvent les mêmes questions que son partenaire aux différents suspects.

• Les sujets auront tendance à moins utiliser leurs whiteboards, car celui-ci n’ayant plus sa fonctionnalité de communication, il ne devient rien de plus qu’une sorte de bloc-notes, n’ajoutant rien au bloc-notes “papier”, et qui ne demande pas une organisation compréhensible par plusieurs personnes.
Dans son état final, le whiteboard sera donc sans aucun doute moins complet et moins structuré que celui des paires qui l’utilisaient communément, car les partenaires n’auront pas eu autant le temps de le structurer que ceux qui le faisaient conjointement.


3. Plan expérimental

Les variables indépendantes:

• Pour certains sujets, il s’agissait du premier contact avec un environnement du type “MOO”, alors que d’autres y étaient déjà habitués. Cela-dit, il ne s’agissait pas d’une variable contrôlée au départ. Par conséquent, la répartition des novices et de expérimentés au sein des paires s’est fait complètement au hasard. Cette répartition s’est faite comme suit:
Paire n° 1: - Hercule: Première contact avec le MOO ; déjà eu quelquefois affaire aux IRC.
- Sherlock: déjà habitué habitué au MOO. A déjà eu plusieurs fois l’occasion de s’habituer à cet environnement.
Paire n° 2: Pour Hercule comme pour Sherlock, il s’agissait du premier contact avec le MOO. Cependant, tous les deux avaient une grande habitude des réseaux de communication en direct d’Internet, suffisamment pour qu’on puisse les considérer comme “expérimentés” dans un environnement comme le MOO...
Paire n° 3: - Hercule: très expérimenté sur le MOO (a depuis longtemps sa propre pièce et une bonne habitude de la construction sur le MOO).
- Sherlock: Premier contact avec le MOO.
Paire n° 4: Pour les deux enquêteurs, il s’agit d’une première expérience dans les environnements virtuels.
Paire n° 5: Les deux enquêteus ont déjà un peu l’habitude des “chat”, mais c’était pour eux la première fois qu’ils avaient affaire au MOO.

• Présence d’un whiteboard qui est soit commun (expérience déjà faite antérieurement), soit personnel (expérience présentée ici).

Les variables dépendantes:

• Temps de l’expérience.
• Réussite / Échec à la résolution de l’énigme.
• Nombre de questions redondantes posées par chaque sujet aux différents suspects qu’ils peuvent interroger.
• Nombre de questions redondantes posées par le même sujet aux différents suspects.
• Étude de la composition des interactions par la classification dans différentes catégories de chaque interaction de l’expérience (Faits / Inférences / Management / Méta-communication / Technique / Hors-tâche)
• Étude de la composition des réponses (aknowledgments) et de leur classification dans les cinq différentes catégories ci-dessus.
• Étude du nombre d’actions effectuées sur le whiteboard par chacune des paires (seulement lorsque c’était possible: en effet, deux des 10 sujets ont effacé par erreur leur whiteboard avant la fin de l’expérience et deux se sont servis d’un papier au lieu d’utiliser le whiteboard de l’ordinateur). Les résultats concernant la composition du whiteboard seront donc purement indicatifs.

Le codage des interactions s’est fait en cinq catégories, auxquelles s’ajoute une catégorie supplémentaire qui regroupe toutes les interactions qui n’avaient rien à voir avec l’expérience. Pour plus de clarté, cette dernière catégorie ne sera pas représentée dans les graphiques qui suivront.

Ces cinq catégories sont:
• Faits -> à chaque fois que les deux partenaires se transmettaient des réponses données par les suspects, sans leur ajouter quoi que ce soit en terme d’hypothèse.
• Inférences -> lorsque l’interaction contenait une quelconque interprétation par le sujet, ou une hypothèse quand à la solution de l’énigme.
Ces deux premières catégories forment le “niveau de savoir” dans le processus de résolution du problème. Lorsque, dans la même interaction, se trouvaient à la fois une inférence et un fait, l’interaction a été codifiée comme une inférence.
• Management ->toutes les interactions qui avaient un rapport avec l’organisation de l’enquête, ou encore de la stratégie à utiliser pour mener à bien l’enquête (ex: “par où va-t-on commencer ?”, “il faut se voir pour faire le point”, “As-tu déjà interrogé tel ou tel suspect ?”...)
• Méta-Communication -> tout ce qui concerne l’interaction entre les deux partenaire elle-même: problèmes de mauvaises compréhension, impatience lors de délai de réponse trop long, ambiguïté à lever...
• Technique -> Dans cette catégorie sont regroupées toutes les interactions ayant trait à des problèmes d’utilisation du MOO ou du whiteboard.

Il paraissait en effet très important de pouvoir comparer qualitativement et quantitativement le contenu des interactions transmises par l’intermédiaire du MOO aux partenaires. L’étude des discours et des activités des sujets lorsqu’ils sont en train de résoudre le problème permet en effet de mieux comprendre comment les interactions sociales affectent le cours de l’apprentissage. (J. Roschelle & S. D. Teasley, 1995)

Population

• 5 paires d’étudiants de différentes facultés (Psychologie, Médecine, Pharmacie, Sciences...)

Hypothèses opérationnelles:

• Le temps d’expérience sera plus long pour les sujets qui ne disposent pas de whiteboard commun, dans la mesure où les sujets seront obligés d’écrire tout ce qu’ils trouvent à la fois à leur partenaire et sur le whiteboard (personnel), au lieu de n’avoir à l’écrire qu’une seule fois sur un whiteboard commun.

• sans la possibilité d’utiliser un whiteboard commun, il y aura un nombre plus élevé de questions redondantes, car les deux sujets n’auront pas sous les yeux de “stockage d’informations” commun.

• Les sujets auront tendance à moins organiser, et, en général, à moins utiliser leurs whiteboards, car ceux-ci n’ayant plus de fonctionnalité de communication, il ne deviennent rien de plus qu’une sorte de “pense-bête”, mais qui ne demande pas une organisation compréhensible par plusieurs personnes.

• Les informations sur les suspects ne pouvant plus être transmises (en même temps que stockés) par l’intermédiaire du whiteboard, les sujets seront obligés de tout envoyer par l’intermédiaire du MOO.
La proportion de faits dans les interactions sur le MOO devra donc être plus importante pour ces sujets.

Procédure

Deux sujets, dans deux pièces différentes doivent résoudre conjointement une énigme avec pour seul média de communication leurs deux ordinateurs.

L’énigme à résoudre est un meurtre commis dans une auberge:
Avant le début de l’expérience, on donne à chacun des deux “enquêteurs” (qui deviennent, pour le temps de la résolution de l’énigme, Hercule et Sherlock) un plan de l’auberge avec les noms de chaque suspect et les lieux où l’on peut les trouver. On leur donne également une liste des commandes qu’ils peuvent utiliser dans l’environnement virtuel (“page”, “say”, “look”, “move”, “who”* etc...) avec les explications quant à leur signification, ainsi que la liste des questions-types qu’ils peuvent poser aux suspects (ces questions ont toujours la forme: “ask quelqu’un about quelque chose ”), car les suspects sont des robots et ils ne peuvent répondre qu’à un certain nombre de questions prédéfinies.

[ * Toute les verbes du MOO ainsi que les réponses des suspects étaient en anglais ce qui pouvait constituer un handicap pour certains sujets. Cependant, les mots utilisés étaient assez simples, et si quelqu’un ne comprenait pas un mot, il pouvait à tout moment appeler un des expérimentateur (via l’environnement virtuel) pour lui demander ce qu’il signifiait. ]

Les deux partenaires ont donc pour mission de trouver le meurtrier parmi les différents suspects qui se trouvent dans l’auberge. Ils peuvent pour cela explorer chaque pièce, éventuellement regarder certains objets de plus près, et bien sûr interroger chacune des 11 personnes qui se trouvent dans les différentes pièces par le biais des questions-type .
Ils ne peuvent se communiquer les informations qu’ils trouvent que par l’intermédiaire de l’environnement virtuel dans lequel ils se trouvent, et ont la possibilité de stocker ce qu’ils savent déjà sur un whiteboard, sorte de bloc-notes qui laisse au sujet la possibilité d’écrire, de dessiner, de passer certaines choses en couleur etc. Dans l’expérience présentée ici, ce whiteboard est personnel: ce qu’écrit l’un ne peut être vu par l’autre et vice-versa.

L’expérience se termine lorsque les deux sujets ont trouvé le meurtrier, c’est-à-dire la personne qui avait (1) un mobile pour tuer la victime, (2) la possibilité d’avoir accès à l’arme et (3) aucun alibi à l’heure présumée du crime.

Cette tâche a été choisie pour son aspect ludique tout autant que pour les capacités cognitives qu’elles fait entrer en compte. Selon Tim O’Shea (1983), “une tâche de résolution de problème est l’une des activités d’apprentissage les plus complexes”.
De plus, le travail collaboratif entre deux paires procure un environnement particulièrement riche pour étudier l’apprentissage.
Les études qui ont déjà été faites sur la collaboration entre individus ont montré que pour que la collaboration soit efficace, il fallait un assez bon degré d’engagement mutuel, une prise de décision partagée, et enfin une discussion entre les partenaires. La situation de résolution d’énigme policière semblait tout à fait adaptée, car c’est une situation qui permet de soutenir la motivation des sujets tout au long de l’expérience (qui était quand même relativement longue).


4. Résultats

Résolution de la tâche

Parmi les 5 paires de sujets qui n’avaient pas de whiteboard commun, trois ont trouvé la solution de l’énigme (à savoir que Oscar Saleve était le meurtrier, car il était le seul à répondre à la fois au trois critères précédents). Pour les deux autres paires, l’expérience a été stoppée après environ 3 heures, car les sujets nous paraissaient encore vraiment loin de la solution.

L’expérience a duré en moyenne, avec ces 5 paires, 2 heures 1/2 (en moyenne 2 h 09 pour les trois paires qui ont trouvé la solution), ce qui est légèrement plus long que pour les paires qui ont passé l’expérience avec le whiteboard commun. On ne remarque pas de différences notoires entre les sujets novices et les sujets déjà habitués à un environnement de type “MOO”, si ce n’est pour la paire n°2, qui était composée de deux sujets “expérimentés” et qui a réussi à résoudre l’énigme en un temps record pour le groupe: 1 h 35...

Les sujets qui n’avaient pas de whiteboard commun se sont communiqués en moyenne 1,52 messages par minute, ce qui est nettement plus élevé (près du triple !) que le nombre de messages par minutes que se transmettaient les paires qui disposaient d’un whiteboard commun (qui était en moyenne de 0.56 messages / minutes).

Contrairement aux attentes, il ne semble pas y avoir eu de réelle corrélation entre le fait d’être expérimentés sur le MOO et le taux de communication durant l’expérience (on voit d’ailleurs avec le graphique ci-dessus que ce ne sont pas les paires d’“expérimentés” qui ont fait le plus grand nombre de messages par minute).
Il ne semble pas non plus y avoir eu de corrélation avec le degré de symétrie dans les acknowledgments à l’intérieur des paires. Par exemple, la paire n° 4, qui présente une asymétrie de 1 % n’a pas réussi à résoudre l’énigme, alors que la paire n° 3, qui présente une asymétrie de 31,7 % a réussi... Inversement, la paire n° 5 présente une asymétrie de 9,2 % et a réussi la tâche, alors que la paire n° 4 présente une asymétrie de 17,5 % mais n’a pas réussi.

Sensibilité à l’espace

Les erreurs de sensibilité à l’espace dans l’environnement virtuel (c’est-à-dire le pourcentage de “page” et de “say” utilisés à bon escient, selon si le sujet se trouvait ou non dans la même pièce que son partenaire) sont distribuées de manière fortement asymétriques. Les sujets qui avaient déjà une bonne habitude du MOO ou des “chat” ont, comme on pouvait facilement le prévoir, utilisé de manière beaucoup plus appropriée que les novices les différents verbes à disposition sur le MOO.

Par exemple, la paire n°2, qui était composée de deux personnes ayant une grande habitude des “Chat” d’Internet (mais pour qui il s’agissait du premier contact avec le MOO) n’ont fait quasiment aucune erreur : 1 erreur pour Hercule, 6 erreurs pour Sherlock (soit une sensibilité à l’espace de 95,4 %). Quant à la paire n° 5, qui était composée de 2 sujets plus ou moins habitués à la communications au travers des environnements virtuels obtient un taux de sensibilité à l’espace de 83,9 %, avec seulement 21 erreurs sur l’ensemble des interactions.
A l’inverse, la paire n°4, qui n’était composée que de novices, obtient le taux de sensibilité à l’espace le plus faible (68,9 %).

Les deux autres paires étaient composés d’un sujet plutôt novice et d’un sujet plus ou moins expérimenté.
Il est cependant intéressant de remarquer que le sujet qui était pourtant le plus “habitué” au MOO (parmi les 10 sujets testés) a fait 42 erreurs de “page” utilisés à la place de “say” et vice-versa. De même, dans la paire n°1, le sujet qui était le plus habitué des deux à l’environnement du MOO est celui qui a fait le plus grand nombre d’erreurs (78), mais ceci est explicable par le fait qu’il n’a jamais utilisé la commande “say” de toute l’expérience (soit parce qu’il ne s’en souvenait pas, soit parce qu’il trouvait plus simple de toujours utiliser la même commande).

La coprésence

On peut d’ores et déjà noter que la plupart des interactions ont eu lieu lorsque les deux partenaires ne se trouvaient pas dans la même pièce.
En observant le tableau ci-dessous, il est d’ailleurs assez surprenant de constater que le taux d’acknowledgment pendant la coprésence a été en moyenne plus bas que le taux d’acknowledgment lorsque les deux sujets ne se trouvaient pas dans la même pièce !

Nombre Interactions dans la même pièce
Nombre Interactions pas dans la même pièce
Nombre
Ack. dans la même pièce
Nombre
Ack. pas dans la même pièce
Taux
Ack. sans coprésence
Taux
Ack pendant coprésence
Moyenne
66,5
134,5
37
53,25
23,86 %
21,40 %

Taux d’acknowledgment

Nombre d'interactions
Nombre d'aknowledgments
Taux d’acknowledgment
Paire 1
348
168
48,3 %
Paire 2
152
75
49,3 %
Paire 3
371
163
43,9 %
Paire 4
151
64
42,4 %
Paire 5
130
59
45,4 %
Moyenne
230,4
105,8
45,9 %

Le taux d’acknowledgment moyen pour les paires qui ont passé l’expérience sans whiteboard commun est nettement plus élevé que pour les paires qui l’avaient. La moyenne est en effet de 46 % sans whiteboard commun, versus 41 % avec. (les résultats s’échelonnent entre 42,4 % et 49,3 %, alors que dans l’expérience avec whiteboard commun, ces résultats s’échelonnaient entre 28 et 51 %...)

Si on compare les paires qui ont le plus faible taux d’acknowledgment (Paire n°3 et 4) avec celles qui ont le plus fort taux d’acknowledgment (Paire n°1, 2 et 5), on ne remarque pas vraiment de corrélation avec le fait qu’elles aient ou non réussi à résoudre l’énigme, ni avec le temps qui a été nécessaire à cette résolution.

Il y a eu en générale une symétrie dans les acknowledgments globalement moins bonne avec les paires qui n’avaient pas le whiteboard commun (en moyenne 15,23 % de différence, contre 8 % avec le whiteboard commun).

Contenu des interactions

Les graphiques suivants montrent de quelle manière sont réparties les interactions dans les différentes catégories:

Ceux qui n’avaient pas de whiteboard commun se sont transmis beaucoup plus de faits via le MOO que ceux qui passaient l’expérience avec le whiteboard commun (28 % de Faits, soit exactement le double du taux de faits transmis durant l’expérience avec whiteboard commun).
Cette augmentation du taux de faits transmis via le MOO s’est faite au détriment de toutes les autres catégories, dans des proportions comparables.

Contenu des acknowledgments

Catégories
Taux d’acknowledgment (sans whiteboard commun)
Taux d’acknowledgment (avec whiteboard commun)
Communication
49 %
55 %
Faits
51 %
26 %
Inférences
51 %
46 %
Management
55 %
55 %
Technique
57 %
30 %
Moyenne
54 %
41 %

Les taux d’acknowledgment sont, toutes catégories confondues, nettement plus élevés dans l’expérience où les sujets n’avaient pas de whiteboard commun (+ 13 % en moyenne). La différence la plus notoire est dans le taux d’acknowledgment pour la catégorie “faits”, qui est de 25 % supérieur à celui des sujets avec whiteboard commun. Comme pour le contenu des interactions, on remarque que les faits ont pris une part beaucoup plus importante des dialogues sur le MOO dans cette expérience que dans celle où les sujets pouvaient aussi se communiquer des informations via le whiteboard.

Le taux d’acknowledgment pour les inférences est lui aussi plus important pour les sujets qui ne disposaient pas du whiteboard commun, mais dans des proportions moins spectaculaires...

L’augmentation du taux d’acknowledgment concernant la catégorie “technique” (+ 27 %) est probablement explicable par une plus grande quantité de “problèmes techniques” survenus sur le MOO durant ces expériences... En effet, plusieurs fois, les sujets ont effacé par inadvertance leur whiteboard, ou bien sont “sortis” de l’auberge, n’arrivant plus à y retourner.

Le seul taux d’acknowledgment qui est supérieur pour les sujets qui avaient le whiteboard commun est celui de la catégorie “Communication” (il est de 6 % supérieur à celui des paires qui n’avaient pas de whiteboard commun).

Étude de la redondance des questions

La “self-redondance” (lorsque le sujet interroge de nouveau un suspect sur un point sur lequel il l’a déjà interrogé), qui était en moyenne de 3,94 questions par expérience avec le whiteboard commun, passe à une moyenne de 21 questions redondantes par expérience !
Quant à la “cross-redondance” (lorsque le sujet interroge de nouveau un suspect sur un point sur lequel son partenaire l’a déjà interrogé), elle était de 8,22 en moyenne par expérience avec le whiteboard commun, mais passe à 22,6 lorsque le whiteboard devient personnel... Dans cette expérience sans whiteboard commun, on constate que sur l’ensemble des questions qu’ont posés les deux sujets durant chaque expérience, en moyenne 44,5 % étaient des questions redondantes !

Whiteboard commun
HS-
HS+
HH-
HH+
SH-
SH+
SS-
SS+
HS
HH
SH
SS
Self
Cross
All
sans
3,6
8,2
1,4
12
1,2
9,6
1
7
12
13
11
8
21
22,6
44
avec
0,6
4,6
0,4
1,4
0,8
2,2
0,7
1,3
5
2
3
2
3,9
8,22
12
difference
3
3,6
1
10
0,4
7,4
0,3
5,7
7
11
8
6
17
14,4
31


5. Discussion des résultats de l’expérience

Résolution de la tâche

Le fait que les sujets aient réussi à résoudre l’énigme ne semble avoir de rapport ni avec le fait qu’ils soient novices / expérimentés dans le MOO, ni avec le nombre d’interactions durant l’expérience. En effet, même si la paire qui a fait le moins de messages par minute n’a pas réussi à résoudre l’énigme et si celle qui a eu le plus d’interaction par minute l’a réussi, on peut constater que cela ne se vérifie pas du tout pour les trois autres paires...

Il ne semble pas non plus qu’il y ait un rapport avec le degré de symétrie dans les acknowledgments.

Sensibilité à l’espace

L’étude de la sensibilité à l’espace dans l’environnement virtuel n’a globalement pas donné de résultats surprenants: les novices se trompent effectivement plus souvent entre les “say” et les “page” que les sujets qui ont déjà l’habitude soit du MOO, soit d’autre genre d’environnement virtuel de même type.
Pour les sujets qui étaient tout à fait habitué à l’environnement du MOO, mais qui ont néanmoins fait un grand nombre d’erreur de sensibilité à l’espace, on peut supposer que cela est dû à l’utilisation du raccourci-clavier ‘ (apostrophe) qui permettait de renvoyer un page à la dernière personne. Comme, pour une fois, il n’y avait que deux personnes dans l’environnement virtuel et qu’il n’y avait par conséquent pas de possibilité de se tromper, on peut imaginer que certains sujets ont trouvé plus simple d’utiliser toujours le même raccourci-clavier, plutôt que d’alterner entre ‘ (apostrophe) et “ (guillemet, pour say). Il est donc assez probable que ces erreurs soient plus imputables à la peur de perdre du temps inutilement qu’à un problème lié à la sensibilité à l’espace.

Il est d’ailleurs important de rappeler que, dans cette expérience, la commande “join” du MOO ne fonctionnait pas. Les sujets devaient donc taper en premier lieu “who” pour savoir où se trouvait leur partenaire, et ensuite se déplacer à travers les pièces grâce à la commande “walk to”. Or, dans une expérience où le temps est compté, il devient rapidement laborieux de taper “who” à chaque fois qu’on veut savoir où est son partenaire pour le rejoindre et lui parler.
On a pu voir qu’il y avait, pour ces paires qui n’avaient pas de whiteboard commun, nettement plus d’interactions lorsque les sujets n’étaient pas dans la même pièce que lorsqu’il l’étaient (plus du double des interactions ont eu lieu lorsqu’il n’y avait pas de coprésence).
On peut supposer que si la commande “join” avait fonctionné, les enquêteurs se seraient peut-être plus souvent retrouvés pour parler dans la même pièce.
Cependant, pour les paires qui ont fait beaucoup d’erreurs de sensibilité à l’espace ou pour le sujet de la paire n° 1 qui n’a jamais utilisé le “say”, on peut se demander quel aurait été le réel intérêt à se retrouver dans la même pièce... Si ce n’est éventuellement pour venir voir un indice que le partenaire avait sous les yeux ou entendre ce que disait un suspect à cet endroit.

Taux d’acknowledgment

En moyenne, le taux d’acknowledgment pour les paires qui avaient passé l’expérience sans whiteboard commun s’est avéré nettement supérieur à celui des autres paires. Cela peut s’expliquer par le fait qu’ils devaient ressentir plus souvent la nécessité de bien montrer à leur partenaire où ils en étaient de leurs propres investigations et de leurs notes.
Pour ceux qui avaient un whiteboard commun, le simple fait de rajouter une information sur le whiteboard suffisait pour avoir la certitude que l’autre voyait bien l’information; inutile donc de lui dire quelque chose du type “je viens de rajouter une information sur le whiteboard”. Par contre, pour ceux qui n’avaient pas le whiteboard commun, il pouvait s’avérer important de bien dire à son partenaire que l’information ne lui avait pas échappé.

Contenu des interactions

Dans l’expérience où le whiteboard était commun, celui-ci avait, en plus de sa fonction d’aide-mémoire, une fonction de communication. Par conséquent, le fait de se transmettre des informations par l’intermédiaire le MOO faisait complètement double emploi avec l’utilisation de celui-ci, et il était plus efficace pour les sujets de se transmettre peu de faits sur le MOO, préférant intégrer ceux-ci directement dans le whiteboard.
Dans la seconde partie de cette expérience, le whiteboard a complètement perdu sa fonction de communication, et ne sert à rien d’autre qu’à être un bloc note personnel. Il était donc assez prévisible que les faits glanés par les deux “enquêteurs” soient transférés via le seul moyen de communication entre eux: le MOO.


25:55 8 S *say* H F hans etait au bar de 8 a 9 avec helmut
26:19 8 S *say* H F helmut la comfirme
26:27 8 H *say* S F c’est qui Helmut, le colonel?
26:31 8 S *say* H F oui
26:45 8 S *say* H F et lucie a ete avec heidi en ville

Par exemple, le contenu des interactions ci-dessus est typiquement le genre de chose que les sujets qui avaient un whiteboard commun n’avaient pas à se transmettre. Mais en l’absence de whiteboard commun, le nombre d’action à exécuter pour les deux partenaires était beaucoup plus élevé. En effet, au lieu d’avoir à effectuer une seule action (écrire l’information “Hans était au bar de 8 à 9 avec Heidi, et Lucie était avec Heidi en ville” sur le whiteboard), ils doivent en effectuer trois:
1. Sherlock doit écrire dans son whiteboard cette information, puis 2. il doit la transmettre à Hercule, et enfin 3. Hercule doit lui aussi écrire l’information sur son propre whiteboard. Il n’est donc pas très étonnant que les sujets se soient servis de manière bien moins efficace de leur whiteboard personnels que ceux qui avaient un whiteboard commun. On peut imaginer que, rapidement, les deux sujets ont trouvé l’ensemble de ces opérations trop fastidieuses et ont omis de tout marquer méthodiquement dans le whiteboard, comme le faisaient ceux qui se partageaient cette tâche.

On peut imputer la nette baisse du taux de méta-communication au fait que, dans l’expérience avec whiteboard commun, la plupart des interactions de cette catégorie avait trait à des questions d’organisation du whiteboard, ou de non-compréhension de quelque chose déjà écrit sur celui-ci.
Ici, les seules fois où les sujets ont parlé de leur whiteboard, c’était pour communiquer à leur partenaire qu’ils venaient d’effacer celui-ci par mégarde, et qu’il n’était donc plus d’aucune utilité... Les seules interactions ayant trait à la communication avaient plutôt à voir avec des mauvaises coordinations ou à des mauvaises compréhensions, comme dans l’exemple ci-dessous.

45:01 3 S *page* H C attention, on ne parle pas du meme mari.
45:16 Bar H *page* S C tu parle duquel?
45:46 3 S *page* H C je parle de oscar. mais peut-etre est-il le frere de marie?!
46:09 7 H *page* S C ah moi je parle du mari de la morte

Concernant la comparaison du nombre de messages par minute entre les expérience avec ou sans whiteboard commun, on a vu dans les résultats que ceux qui n’avaient pas à stocker leur informations ensembles ont envoyé plus du double de messages par minute que les autres paires.
Cela est certainement imputable au fait que les paires qui avaient un whiteboard commun ont passé plus de temps sur celui-ci, à l’organiser, à le présenter de manière claire, alors que ceux qui disposaient d’un whiteboard personnel ont inscrit les informations de manière plus rapide, et avaient par conséquent plus de temps à consacrer aux dialogues avec leur partenaire.
On peut aussi faire l’hypothèse, lorsqu’on fait le rapprochement avec le taux d’acknowledgment. beaucoup plus important chez les paires qui n’avaient pas de whiteboard commun, qu’il y a eu un plus grand nombre de messages de courte taille qui venaient en réponse à des faits transmis par le partenaires.

Contenu des acknowledgments

Pour les sujets qui ne disposaient que d’un whiteboard personnel, le taux de “Faits” à l’intérieur des acknowledgments est quasiment le double du taux obtenus par les sujets qui avaient le whiteboard commun.
Il paraissait pourtant assez normal d’avoir un taux d’acknowledgment dans la catégorie des faits nettement plus faible que celui des autres catégories, car les faits ne sont en principe pas vraiment discutables, la probabilité de désaccord à leur sujet est plutôt faible. Par conséquent, il n’y a normalement pas autant lieu d’y répondre que pour une hypothèse, par exemple. On peut éventuellement supposer qu’en l’absence de stockage commun, les sujets ressentaient surtout la nécessité de dire des choses du type “merci, je le note...” ou encore “je le savais déjà...” pour bien montrer à leur partenaire où ils en étaient de leur propre stockage d’informations.

Seul le taux d’acknowledgment concernant la méta-communication s’est révélé plus élevé pour les sujets qui disposaient d’un whiteboard commun. Cela rejoint le fait que la plupart des interactions de cette catégorie avait un rapport avec l’organisation du whiteboard commun, et qu’il y avait probablement plus de propositions nécessitant l’accord ou le désaccord du partenaire en ce qui concerne l’organisation commune du whiteboard.

Étude de la redondance des questions

La comparaison du nombre de questions redondantes entre l’expérience avec whiteboard commun et celle sans whiteboard commun révèle de manière excessivement nette que les sujets qui n’avaient pas la possibilité de stocker leurs informations en commun ont a priori moins bien stockés leurs informations individuellement que ceux qui devaient le faire conjointement. Il est probablement nettement plus difficile d’avoir une vue d’ensemble vraiment structurée lorsque chacun stocke ses informations individuellement, tout en les transmettant à son partenaire au fur et à mesure. En effet, en les transmettant à son partenaire et en les écrivant dans son propre whiteboard au même moment, l’enquêteur perd un certain temps, ce qui laisse à supposer que noter toutes les informations de manière claire dans son whiteboard devient vite une entrave, et qu’il se met rapidement à écrire les choses de manière plus succinctes dessus.
En découle un nombre de questions redondantes très nettement supérieur à celui des sujets de l’expérience avec whiteboard commun, qu’il s’agisse de questions posées par le partenaires ou de questions déjà posées par le sujet lui-même. La différence est suffisamment nette pour que l’on puisse établir une corrélation entre l’absence de stockage en commun des informations et le nombre de questions déjà posées que les sujets reposent à nouveau (parfois à plusieurs reprises).




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