Olivier Clavel - Staf 11

Note de lecture

"Artificial Intelligence and Tutoring Systems"
Chap 1 : Knowledge communication systems

Wenger E., 1987, Los Altos (CA), Morgan Kaufmann Publishers


Dans ce chapitre d'introduction, Wenger cherche à donner un panorama de la recherche en matière de "systèmes de communication de la connaissance" (knowledge communication system) et à souligner ses objectifs, sa méthodologie et ses relations avec d'autres disciplines. Pour cela, il se livre à une comparaison entre deux approches, toutes deux destinées à produire des systèmes d'apprentissage :

Wenger fait une distinction entre les concepts différents qui régissent le développement de CAI et ITS.

Il compare les logiciels traditionnels de CAI à des livres, des réceptacles statiques dont la structure contient la connaissance du domaine et de la pédagogie d’enseignants experts. Bien que ces logiciels, tout comme les livres, puissent être très sophistiqués dans leurs présentations, leurs différents niveaux de lecture, ils résultent d’une organisation figée à l’avance. Toutes les situations ou une décision pédagogique est nécessaire doivent être anticipées, quel que soit le niveau de détail du produit final. Selon Wenger, la force de ces logiciels est qu’ils prennent directement avantage de l’expérience pédagogique d’enseignants.
Il cite ensuite les grandes lignes de recherche en CAI comme l’adaptation des contenus d’enseignement aux nouvelles possibilités des médias, le développement d’outils génériques pour les auteurs de cours (langages et environnements spécialisés) ainsi que l’étude de nouvelles méthodes d’ingénierie logicielle pour optimiser la traduction de décisions pédagogiques en trame de fond pour des systèmes basés sur l’informatique.

L’approche ITS est différente. Basée sur l’intelligence artificielle, elle cherche à capturer l’essence du savoir qui permet à un expert de construire une interaction d’apprentissage. Plus que la décision résultant d’un somme de connaissances diverses, c’est ici la connaissance elle-même que l’on cherche à représenter. C’est ensuite à la machine de construire des interactions en référence aux connaissances qui lui ont été fournies.

Wenger fait ensuite remarquer qu’il n’existe pas de ligne de démarcation franche entre ces deux approches dans les logiciels. Des logiciels CAI jouissent souvent d’une certaine autonomie (pour s’adapter au niveau de l’apprenant par exemple…) ainsi que des logiciels ITS comprennent des éléments plus statiques en fonction du niveau d’expertise du système. Cependant, cette différence est cruciale, car les ITS ont la possibilité de produirent des situations qui n’avait pas été anticipées par les experts.

L’auteur met le doigt sur l’importance cruciale de la relation sociale dans l’enseignement, ce qui lui fait dire que l’ordinateur ne remplacera jamais l’homme mais peut cependant devenir un indispensable allié, tout comme le livre. Dans cette perspective, il donne sa définition de la transmission du savoir (knowledge communication) comme la compétence d’entraîner et/ou d’aider l’acquisition du savoir d’une personne par une autre en utilisant un nombre restreint d’opérations de communication. Il différencie cette définition avec celle de l’enseignement, car elle n’inclue pas de connotation d’interaction sociale.

Wenger met en avant que le passage de la programmation de la décision (CAI) à la programmation du savoir (ITS) et la distinction majeure des systèmes éducationnels à base d’intelligence artificielle. Cependant, ces systèmes restent difficiles à construire, car ils n’impliquent pas seulement la dimension technologique (la dernière à prendre en compte) mais la construction de modèle de la connaissance qui demandent une étude cognitive, épistémologique et pédagogique du domaine. Il fait ensuite remarquer que, si la communication du savoir peut être vue par certain comme une application directe de l’intelligence artificielle, elle est en elle-même matière à réflexion pour les avancées de ce domaine. En effet, la communication du savoir est une manifestation explicite de l’intelligence.

Enfin, l’auteur observe que la construction d’ITS nécessite des apports de différentes disciplines :