La théorie de la parité des taux d'intérêt couverte

Une autre approche pour tester l'efficience est de tester la parité des taux d'intérêt couverte car si les marchés des changes sont efficients alors l'arbitrage devrait assurer la vérification de cette parité.

Les opérations à terme sont des opérations où deux parties sont engagées à échanger l'une contre l'autre deux devises à une date future (spécifiée par le terme) établie immédiatement et à un taux de change (dit à terme) également décidé immédiatement. Dans ce contexte, la prime à terme est définie comme la différence entre le taux à terme et le taux au comptant , divisée par .

La théorie de la parité des taux d'intérêt couverte établit que la prime à terme et le différentiel d'intérêt sont reliées par l'expression suivante:

(1)
, , i et sont respectivement le taux de change à terme, le taux de change au comptant, le taux d'intérêt national et le taux d'intérêt étranger. Le terme de gauche de cette expression est appelé taux de report (sur la monnaie du pays étranger) s'il est positif ou taux de déport s'il est négatif.

Pour obtenir cette formule on suppose un arbitrage couvert en change dont on identifie les transactions suivantes: d'une part, on achète, aujourd'hui, de la monnaie étrangère par un montant d'une unité de monnaie nationale, 1/St, et on investit cette quantité en obligations émises en monnaie étrangère (de rendement ); on obtient à terme (1/St)(1+i*) unités de monnaie étrangère. D'autre part, on vend, aujourd'hui, ce montant à un taux de change à terme ; on obtient à terme (1/St)(1+i*)Ft unités de monnaie nationale. Si le marché est efficient, ce rendement brut est identique au rendement brut de placer une unité de monnaie nationale à terme 1+i. En égalisant ces deux rendements bruts et en réarrangeant termes on obtient la relation (1)

C'est la formule exacte. Une formule approximative ou simplifiée est:

Si on utilise cette dernière formule on dit que l'investissement couvert rapporte:

Quand il existe des déviations de cette relation de parité, il est possible de faire des transactions pour obtenir des profits sans risque (arbitrage d'intérêt couvert).

Deux types d'approche ont été appliquées pour tester la parité des taux d'intérêt couverte. Le premier type consiste à calculer les déviations de la parité et tester si elles sont significativement différentes de zéro après prise en considération un intervalle déterminé par les coûts de transaction. Le deuxième type d'approche est basé sur l'analyse de régression.

Dans le cadre de la première approche, Frenkel et Levich (1975) ont étudié la nature des coûts de transaction et ont construit une procédure pour estimer leur grandeur et calculer ainsi une bande autour de la ligne de la parité des taux d'intérêt où aucun arbitrage n'est profitable. Ils analysent les coûts de transaction des opérations d'arbitrage entre paires de titres exprimés en US$-livre sterling et US$-dollar canadien pour la période janvier 1962- novembre 1967 sur des observations hebdomadaires des taux de change au comptant et à terme à 90 jours.

Ils concluent que l'évidence empirique permet de soutenir que les déviations de la parité sont compatibles avec les coûts de transaction et alors il n'existe pas d'opportunités de profit non exploitées.

Quelques auteurs qui ont étudié le marché d'euromonnaies ont observé que les déviations sont plus petites que les coûts de transaction, alors ils en ont conclu que le marché d'euromonnaies est efficient et que très peu d'opportunités d'arbitrage existent.

Taylor (1987a) considère qu'une mesure des déviations de la parité d'intérêt couvert devrait être calculée avec des données sur les taux de change et les taux d'intérêt enregistrés à l'instant où la transaction a lieu. Dans ce sens, il critique les travaux précédents sur les tests de la parité du taux d'intérêt couvert et il applique une procédure pour obtenir des données en prenant en considération les aspects ci-dessus mentionnés (simultanéité). En utilisant des données recueillies sur le marché des changes de Londres, entre le 11 et 13 novembre de 1985, il teste la parité du taux d'intérêt couvert et il arrive à la conclusion que lorsqu'on considère les coûts de transaction il n'existe plus de déviations de la parité.

La deuxième approche consiste à formuler la régression suivante:

et sont, respectivement, les logarithmes népériens de et . Avec coûts de transaction nuls et sous l'hypothèse de la parité des taux d'intérêt couverte, on devrait vérifier les hypothèses , et des erreurs sériellement indépendantes. En général, les résultats des tests n'ont pas pu rejeter ces hypothèses. Quand la constante a été trouvée différente de zéro on l'a interprétée comme évidence des coûts de transaction.

En bref, l'investigation empirique soutient la parité des taux d'intérêt couverte, spécialement si le marché d'euromonnaies est considéré. Ces investigations suggèrent que les déviations de la parité des taux d'intérêt couverte ne sont pas évidence d'inefficience car elles peuvent être expliquées par des facteurs, tels que les coûts de transaction, le risque politique (Aliber, 1973), les taxes, etc.